Un retour de Charest ? Ce serait étonnant !
Si Jean Charest plongeait dans la course à la direction du Parti conservateur fédéral, il créerait une énorme surprise.
Bien sûr, sur sa feuille des « pour » et des « contre », la règle non écrite de l’alternance doit faire partie des quelques raisons l’incitant à plonger.
Le cycle de Trudeau fils, entamé en 2015, semble s’épuiser, voire tirer à sa fin. Un grand parti pancanadien, de centre, avec un chef expérimenté à sa tête, aurait assurément des chances lors du prochain scrutin général.
APPUIS
Au caucus conservateur actuel, Charest a des appuis. L’ancien lieutenant québécois Alain Rayes a fait savoir hier qu’il l’avait contacté pour sonder son intérêt.
Dominique Vien, ancienne députée et ministre libérale sous Charest, a été élue sous la bannière conservatrice en septembre dans Bellechasse—Les Etchemins—Lévis. Jointe hier, elle a refusé de répondre à mes questions. Mais le 3 septembre, en entrevue à Qub, je lui avais demandé si Jean Charest aurait fait un bon chef du PC. Courte, sa réponse avait été éloquente : « C’était un bon chef, M. Charest. On l’a beaucoup aimé, évidemment. »
LES CONTRE
Mais sur la liste de Charest, la colonne des « contre » doit être très longue.
L’ancien PM québécois gagne bien sa vie actuellement. Il vient d’accéder au conseil d’administration du CN, où les émoluments sont généreux.
Fin 2019, l’ancien président de l’Association des policières et policiers provinciaux du Québec, Jean-Guy Dagenais, devenu sénateur en 2012, avait pris fait et cause pour la candidature de Jean Charest, un « rassembleur », « parfaitement bilingue », aux valeurs « progressistes ». L’enquête Machurer sur le financement douteux du PLQ ? Elle n’avait abouti à rien depuis 2013, martelait Dagenais.
Par ailleurs, il notait que le Parti conservateur avait changé.
Déjà, le 21 janvier 2020, lorsque Jean Charest annonça qu’il ne serait pas candidat à la succession d’Andrew Scheer, il avait souligné que le PC actuel était très différent de celui qu’il avait dirigé dans les années 1990 : contre le contrôle des armes à feu, forte présence de la droite sociale, entre autres.
Joint hier, Jean-Guy Dagenais estime que la transformation du PC s’est accentuée. Il n’est évidemment plus celui que Charest a quitté en 1998 (alors « progressiste-conservateur ») et a, en plus, muté depuis la fin de l’ère Harper.
En « débandade », dit Dagenais, le PC est plus que jamais déchiré en deux « factions » presque irréconciliables : progressistes et « réformistes » (au sens du Reform Party des années 1990). La même fracture qu’avant l’union opérée par Harper et Peter Mackay.
Toujours membre du PC, Dagenais n’est toutefois plus lié au caucus conservateur au Sénat depuis sa sortie contre Andrew Scheer, après le scrutin de 2019.
Il serait très surpris que Jean Charest soit intéressé « à retourner dans un parti où on sent une scission entre l’est et l’ouest. Ceux qui le nient devraient enlever leurs lunettes roses » !
Sans compter ce qu’un autre ancien de l’ère Harper souligne : l’exécutif actuel du PC n’est vraiment pas composé de « fans de Jean Charest », loin de là. Aussi, il va privilégier une course rapide, ce qui forcera l’ancien PM du Québec à se désister.
À moins d’une candidature risquée, surprenante.