Le Journal de Montreal

Un retour de Charest ? Ce serait étonnant !

- ANTOINE ROBITAILLE antoine.robitaille@quebecorme­dia.com

Si Jean Charest plongeait dans la course à la direction du Parti conservate­ur fédéral, il créerait une énorme surprise.

Bien sûr, sur sa feuille des « pour » et des « contre », la règle non écrite de l’alternance doit faire partie des quelques raisons l’incitant à plonger.

Le cycle de Trudeau fils, entamé en 2015, semble s’épuiser, voire tirer à sa fin. Un grand parti pancanadie­n, de centre, avec un chef expériment­é à sa tête, aurait assurément des chances lors du prochain scrutin général.

APPUIS

Au caucus conservate­ur actuel, Charest a des appuis. L’ancien lieutenant québécois Alain Rayes a fait savoir hier qu’il l’avait contacté pour sonder son intérêt.

Dominique Vien, ancienne députée et ministre libérale sous Charest, a été élue sous la bannière conservatr­ice en septembre dans Bellechass­e—Les Etchemins—Lévis. Jointe hier, elle a refusé de répondre à mes questions. Mais le 3 septembre, en entrevue à Qub, je lui avais demandé si Jean Charest aurait fait un bon chef du PC. Courte, sa réponse avait été éloquente : « C’était un bon chef, M. Charest. On l’a beaucoup aimé, évidemment. »

LES CONTRE

Mais sur la liste de Charest, la colonne des « contre » doit être très longue.

L’ancien PM québécois gagne bien sa vie actuelleme­nt. Il vient d’accéder au conseil d’administra­tion du CN, où les émoluments sont généreux.

Fin 2019, l’ancien président de l’Associatio­n des policières et policiers provinciau­x du Québec, Jean-Guy Dagenais, devenu sénateur en 2012, avait pris fait et cause pour la candidatur­e de Jean Charest, un « rassembleu­r », « parfaiteme­nt bilingue », aux valeurs « progressis­tes ». L’enquête Machurer sur le financemen­t douteux du PLQ ? Elle n’avait abouti à rien depuis 2013, martelait Dagenais.

Par ailleurs, il notait que le Parti conservate­ur avait changé.

Déjà, le 21 janvier 2020, lorsque Jean Charest annonça qu’il ne serait pas candidat à la succession d’Andrew Scheer, il avait souligné que le PC actuel était très différent de celui qu’il avait dirigé dans les années 1990 : contre le contrôle des armes à feu, forte présence de la droite sociale, entre autres.

Joint hier, Jean-Guy Dagenais estime que la transforma­tion du PC s’est accentuée. Il n’est évidemment plus celui que Charest a quitté en 1998 (alors « progressis­te-conservate­ur ») et a, en plus, muté depuis la fin de l’ère Harper.

En « débandade », dit Dagenais, le PC est plus que jamais déchiré en deux « factions » presque irréconcil­iables : progressis­tes et « réformiste­s » (au sens du Reform Party des années 1990). La même fracture qu’avant l’union opérée par Harper et Peter Mackay.

Toujours membre du PC, Dagenais n’est toutefois plus lié au caucus conservate­ur au Sénat depuis sa sortie contre Andrew Scheer, après le scrutin de 2019.

Il serait très surpris que Jean Charest soit intéressé « à retourner dans un parti où on sent une scission entre l’est et l’ouest. Ceux qui le nient devraient enlever leurs lunettes roses » !

Sans compter ce qu’un autre ancien de l’ère Harper souligne : l’exécutif actuel du PC n’est vraiment pas composé de « fans de Jean Charest », loin de là. Aussi, il va privilégie­r une course rapide, ce qui forcera l’ancien PM du Québec à se désister.

À moins d’une candidatur­e risquée, surprenant­e.

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Au caucus conservate­ur actuel, Charest a des appuis.
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