Québec s’est tenu debout
Rambo, Big et Kevin sont remontés à bord de leurs camions pour retourner dans leurs tanières.
Ils ont promis de revenir dans deux semaines « pour laisser le temps à Legault de reculer ». Or, ce sont eux qui ont dû reculer.
Car le fringant nouveau maire de Québec, Bruno Marchand, travailleur social et organisateur communautaire de profession, n’est pas impressionné par « le peuple » et ses leaders populistes. Il a passé son enfance dans Limoilou, situé dans la basse ville de Québec, et a consacré sa vie à aider les plus démunis.
Donc, les manifestants qui dénoncent les politiciens qui f…rent le monde et les médias « vendus » ne distraient pas le maire de Québec dans son action. On pourrait dire de lui qu’il a le coeur à gauche, mais sa raison en fait un centriste politique. Il a donc prévenu les manifestants avant leur arrivée dans la capitale que le désordre d’Ottawa ne serait pas toléré à Québec. Et ce corps policier, qui a calmé certaines ardeurs passées, s’est révélé exemplaire.
TORPEUR
Bruno Marchand par sa fermeté a, semble-t-il, sorti le premier ministre Legault de sa torpeur. Depuis quelque temps, en effet, François Legault a semblé faiblir devant les non-vaccinés et autres opposants à sa politique sanitaire. Est-ce par épuisement personnel, par une peur inavouée de dérapage ou par son tempérament qui oscille entre le p’têt ben qu’oui et le p’têt ben qu’non, ce trait qui vient de nos ancêtres normands ? Or en fin de semaine, il a été clair. Pas du tout question de « tolérer » ce qui a transformé Ottawa en ville occupée.
François Legault est un politicien de grande expérience. Il est à l’aise au centre de l’échiquier politique. C’est un souverainiste converti depuis l’échec du référendum de 1995 grâce à son pragmatisme légendaire. Cela se vérifie dans tous les dossiers chauds et sensibles, la langue au premier chef. C’est à la fois sa force et son talon d’Achille.
Devant la grogne actuelle quasi généralisée qui découle de l’interminable pandémie, François Legault doit naviguer à vue.
FERMETÉ
Mais cette manière de gouverner ne lui permet pas désormais des allers-retours entre la carotte et le bâton devant des menaces à l’ordre social. Seule la fermeté est de mise.
Le retour à la « normale », c’est-àdire à notre ancienne façon de vivre, est disparu. Depuis deux années de confinement, de mesures sanitaires diverses, de la présence de la mort dans nos esprits et de ses masques qui nous empêchent de sourire, de rire, de grimacer sous la tristesse et la douleur, cette vie invisible nous a marqués, des petits enfants aux vieillards.
Le premier ministre Legault n’est pas un surhomme. Mais il a su nous mener jusqu’à aujourd’hui en conservant un appui populaire étonnamment élevé. Il serait catastrophique pour lui personnellement, pour son parti et pour le Québec, si une minorité gueulante et assoiffée de notoriété menaçait les assises mêmes du Québec.
Nous sortirons de cette pandémie sous sa gouverne. Ceux qui délirent en pensant qu’ils vont « renverser le système » ne méritent pas notre respect. Ils sont les ennemis du peuple et de la démocratie.