Le Journal de Montreal

Un policier condamné pour des violences

Il s’en était pris à un Autochtone dans le Nord

- MICHAËL NGUYEN

Un policier du Nunavik qui avait gratuiteme­nt violenté un Autochtone tout en demandant à une collègue de mentir pour le couvrir aura finalement un casier criminel, si bien qu’il peut dire adieu à sa carrière.

« On exige des policiers un haut niveau de probité et d’intégrité, et ce geste [des voies de fait] n’en fait pas partie », a récemment affirmé le juge Jean-Pierre Gervais en condamnant Mathieu Paré, dans la localité de Salluit, au Nunavik.

Paré, 28 ans, a commis ses crimes en mai 2019, alors qu’il effectuait un dernier quart de travail pour le Corps de police régional Kativik avant d’être transféré ailleurs. Et pour marquer l’occasion, il avait prévenu sa collègue qu’il voulait « que ça brasse », peut-on lire dans le jugement.

Et quand Paré a coffré un Autochtone pour des gestes violents allégués, il a profité du fait que ce dernier était assis à l’arrière du véhicule et était menotté pour freiner sèchement, afin que le suspect se frappe la tête contre une cloison vitrée.

« Blessé, il est conduit à l’infirmerie où on le soignera », peut-on lire dans la décision.

Mais si ce geste criminel peut être considéré comme « une erreur de jugement » d’un policier « qui n’a peut-être pas bien évalué la gravité des actes posés », son comporteme­nt par la suite a été encore plus grave, a noté le magistrat.

ENTRAVE À LA JUSTICE

Car au moment de rédiger les rapports, Paré a demandé à sa collègue de mentir et de dire qu’il avait freiné en raison d’enfants dans la rue.

La policière a refusé, si bien que Paré a été accusé puis reconnu coupable de voies de fait causant des lésions, mais aussi d’entrave à la justice.

« N’eût été l’intégrité de la constable […] il est probable que ces agissement­s seraient passés sous le radar et n’auraient jamais été sanctionné­s, a dit le juge. Sans

dire que le premier geste […] n’est pas grave, c’est tout de même autre chose que de tenter d’esquiver sa responsabi­lité. »

Le juge a également noté que les crimes de Paré étaient survenus dans une communauté autochtone où il y a un sentiment de méfiance envers les policiers en raison du traitement des Premières Nations dans le passé.

Il a ainsi refusé d’accorder l’absolution à Paré, même s’il en avait besoin pour rester policier, son métier de rêve.

À la place, il lui a imposé 200 heures dend travaux communauta­ires et une probation de deux ans.

Newspapers in French

Newspapers from Canada