Au diable les principes !
Le chant des sirènes du « populisme à la Trump » est-il en train d’engouffrer la crédibilité du Parti
conservateur du Canada ?
La question sera au coeur de la course à la direction du parti. Une nouvelle ligne de faille au sein de ce parti déchiré entre ses racines populistes et son histoire progressiste.
Le débat serait légitime s’il ne menaçait pas certains des principes fondamentaux du PCC.
On évoque souvent le droit à « la vie, la liberté et la recherche du bonheur » dans la Déclaration d’indépendance des États-Unis. Le Canada, faut-il le rappeler, a sa formule équivalente, « la paix, l’ordre et le bon gouvernement. »
Dans sa quête pour capitaliser la colère et le ras-le-bol ambiant face aux mesures sanitaires, le PCC semble prêt à carrément renoncer à ces principes.
LA LOI ET L’ORDRE
La primauté du droit a toujours été au coeur du conservatisme. Une vision longtemps ancrée autour de la répression du crime et la défense des droits des victimes.
Le PCC du moment a plutôt choisi le camp de l’illégalité assumée.
Les familles dont la vie a été mise en danger par des manifestants allumant un incendie dans leur immeuble ? Elles ne comptent pas.
sor-nd Les personnes âgées terrifiées de tir de chez elles ? On s’en fout.
Le harcèlement psychologique qu’endurent des dizaines de milliers de personnes depuis dix jours ? C’est pour la bonne cause.
Est-ce que les conservateurs auraient été aussi tolérants si le centre-ville avait été occupé par des autochtones avec des tamstams ? Poser la question est y répondre.
Pire, voilà que le parti de la loi et l’ordre défend que les lois municipales et provinciales soient bafouées en toute impunité.
L’INGÉRENCE ÉTRANGÈRE
La trahison des principes conservateurs est particulièrement délicieuse sur le front de l’ingérence étrangère.
En 2012, le gouvernement Harper avait lancé une véritable guérilla contre l’influence néfaste des « groupes environnementaux radicaux étrangers » qui osaient faire campagne contre les sables bitumineux.
Au lendemain de la dernière campagne, le PCC a sonné l’alarme contre l’ingérence de la Chine dans certaines circonscriptions à forte communauté chinoise.
Mais les millions provenant de la Floride et du Texas pour financer l’occupation illégale du centre-ville de la capitale du pays ? Silence radio !
QUELLE LIBERTÉ ?
Pour lancer sa campagne à la direction du PCC, Pierre Poilièvre s’est fait le chantre de la liberté.
La liberté de garder le fruit de son
labeur. Et celle des commerçants en train de perdre leur chemise ?
Il promet que ses électeurs seront les « maîtres de leur destinée ». Malheureux que les résidents d’Ottawa aient perdu ce droit depuis 11 jours.
Il semble qu’en 2022, la liberté veuille aussi dire le droit de terroriser une capitale du G7, mais qu’elle n’inclue pas la liberté de ses citoyens de vivre et gagner leur vie en paix.
Les nouveaux populistes du PCC ont clairement oublié que liberté rime avec responsabilités.
emmanuelle.latraverse@tva.ca