Le Journal de Montreal

Les sciences de la vie revivent

Les investisse­ments étrangers dans ce domaine ont doublé à Montréal en 2021.

- MARTIN JOLICOEUR

Bien que toujours en attente d’une décision dans l’épineux dossier de Moderna, la région de Montréal observe un regain certain d’activités dans le secteur des sciences de la vie.

« Je vous confirme cette effervesce­nce. Ça n’arrête pas une minute », affirme entre deux rendez-vous, Hugues Harvey, président de la société immobilièr­e HarveyCorp.

L’entreprise de Montérégie se spécialise depuis quelques années dans l’acquisitio­n de bureaux polyvalent­s, avec pour objectif de les convertir en laboratoir­es de recherche.

« Depuis deux ans, j’ai fait pour 80 M$ de projets dans les biotechs. Et je vous dirais que j’en ai encore pour 100 M$ à venir dans le pipeline ».

La demande est telle que la PME de 30 employés tire aujourd’hui la moitié de ses revenus de ce secteur.

UN PAYSAGE EN TRANSFORMA­TION

Montréal Internatio­nal, qui voit à la prospectio­n d’investisse­ments dans la métropole, observe la même tendance. En 2020, l’organisme a accompagné 130 millions $ d’investisse­ments directs étrangers dans ce domaine.

Et même si son bilan de 2021 n’est pas encore public, Stéphanie Doyle, directrice, Sciences de la vie et technologi­es de la santé, prévient que sa dernière cuvée sera deux fois plus importante que celle de l’an passé.

« On observe un engouement pour Montréal. En plus des implantati­ons, il y a beaucoup de réinvestis­sements, dit-elle. Si les choses se poursuiven­t de la sorte, que Moderna vienne ou non, le paysage de Montréal dans le secteur est vraiment en train de se transforme­r. »

ROCHE, NOVARTIS ET LES AUTRES

Santai, Roche et Novartis ont toutes annoncé des investisse­ments dans la dernière année. Investisse­ments qui s’accompagne­nt le plus souvent d’emplois nouveaux et de recherches de labos pour s’établir.

Chef de l’équipe Sciences de la vie de CBRE, Jeremy Kenemy est aux premières loges de ces mouvements. À une certaine époque, se souvient-il, les sciences de la vie étaient solidement ancrées à Montréal. C’était avant qu’Ottawa ne change les règles pour la propriété intellectu­elle et les produits génériques.

Au début des années 2000, il a été témoin de la fermeture des activités de recherche de la pharmaceut­ique Merck, à Kirkland. Également de l’usine de vaccins de GlaxoSmith­Kline, à Laval. Ne restaient derrière que des services

administra­tifs.

RETOUR DU BALANCIER

Depuis peu, toutefois, il perçoit un retour du balancier. L’américaine Alexandria Real Estate, proche du secteur pharmaceut­ique, procède ces jours-ci à la conversion d’installati­ons désuètes à Laval en laboratoir­es ultramoder­nes.

C’est aussi là que Biodextris a entrepris la conversion d’un immeuble de bureaux. De la même manière, en pleine croissance, la québécoise NuChem Sciences vient de prendre possession de locaux de 20 000 pi2 dans l’arrondisse­ment SaintLaure­nt, à Montréal.

Avant longtemps, assure son président, Marc Lebel, ces anciens bureaux seront des laboratoir­es.

« Montréal reprend sa position dominante dans les sciences de la vie », affirme M. Kenemy. Les propriétai­res d’immeubles le réalisent enfin, acceptant de plus en plus d’investir des sommes considérab­les pour répondre aux besoins spécifique­s de ce secteur. « La fortune,

dit-il, sourit aux audacieux ».

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de nouveaux locaux, en voie d’être convertis en laboratoir­es de recherche. Ci-contre, Daniel Guay, son v.-p. principal et chef des affaires scientifiq­ues.
PHOTO CHANTAL POIRIER SOURCE : MONTRÉAL INTERNATIO­NAL La québécoise NuChem Sciences grandit rapidement. Elle vient de prendre possession de nouveaux locaux, en voie d’être convertis en laboratoir­es de recherche. Ci-contre, Daniel Guay, son v.-p. principal et chef des affaires scientifiq­ues.

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