Les patrons de RDI sont à foutre dehors
Le siège d’Ottawa par une horde de camionneurs sans foi ni loi est sur les lèvres des Canadiens from coast to coast depuis plus de dix jours.
Tous les grands quotidiens, du Guardian en passant par le Figaro et le New York Times, en ont fait état dans leurs pages de nouvelles et en éditorial. Tous les réseaux de télévision du monde ont diffusé les images des rues de la capitale canadienne bloquées par les poids lourds. Les télévisions ont répercuté aux quatre coins de la planète le tintamarre insoutenable des klaxons et les propos haineux des manifestants. En Chine comme en Russie, on en a profité pour décrier notre démocratie qui n’aurait pas de quoi pavoiser.
L’ancien président Donald Trump a cité les camionneurs en exemple. Il a même déclaré qu’ils « en font plus pour défendre la liberté que le gouvernement de Washington luimême ». Donald Trump Junior a abondé dans le même sens. Le sénateur du Texas Ted Cruz a qualifié les truckers de héros et a réclamé que soient « dégelés » les millions qui avaient déjà été recueillis par l’application GoFundMe. Les reporters de RDI (comme ceux de LCN) ont passé des jours entiers parmi les manifestants, tendant leurs micros à quiconque voulait déverser son venin sur les autorités gouvernementales et sanitaires. Maxime Bernier est réapparu sur les écrans, l’air triomphant et le verbe haut.
LE GOUVERNEMENT FÉDÉRAL EST MUET
Pendant tout ce temps, le gouvernement d’Ottawa faisait le mort, se contentant de la déclaration laconique, voire un peu méprisante, du premier Justin Trudeau à la veille de la manif. Dimanche, coup de théâtre : le maire Jim Watson d’Ottawa proclame l’état d’urgence. Hier, le gouvernement fédéral sort enfin de sa torpeur et convoque une conférence de presse exceptionnelle.
Il faut que la situation soit d’une extrême gravité pour que se retrouvent ensemble devant la presse le ministre des Transports Omar Alghabra, Bill Blair, le ministre de la Protection civile, Dominique LeBlanc, le ministre des Affaires gouvernementales, Mona Fortier, la présidente du Conseil du Trésor, Marco Mendicino, le ministre de la Sécurité publique, sans compter Yasir Naqvi, le député d’Ottawa centre où se trouve le quartier assiégé.
RDI SNOBE LES MINISTRES
Personne ne semble imputable
Dès que j’apprends la nouvelle, j’ouvre mon téléviseur à RDI. L’émission Mordus de politique est en cours. C’est évident que l’animateur Sébastien Bovet mettra fin à la discussion de ses quatre invités lorsque commencera la conférence de presse. C’est ce qu’il fait, mais pour quelques minutes seulement.
À ma grande surprise, RDI revient presque aussitôt à son émission régulière. Comme si les propos quotidiens de Françoise Boivin, Dimitri Soudas, Pierre Moreau et Jean-François Lisée avaient préséance sur ceux de cinq ministres du cabinet.
C’est à CBC News que j’ai décidé de suivre cette importante conférence de presse durant laquelle j’ai écouté l’interprète anglophone traduire en anglais les ministres Mona Fortier, LeBlanc et Mendicino chaque fois qu’ils parlaient français.
C’est loin d’être la première fois que RDI « snobe » ainsi des événements d’importance qui se déroulent à Ottawa ou au Parlement fédéral, mais que le réseau d’information de Radio-Canada ignore ainsi une conférence de presse donnée par cinq ministres dépasse l’entendement.
Chez n’importe quel diffuseur public, comme France Télévisions ou comme la BBC, un choix aussi stupide des patrons de l’information, surtout lorsqu’il se répète, leur vaudrait d’être sévèrement réprimandés, voire suspendus ou congédiés. Hélas ! à Radio-Canada, personne ne semble imputable.