L’énorme défi de Gary Bettman
Est-ce que j’aime ou pas la formule du match des étoiles de la Ligue nationale de hockey ? On s’en fout. Ce ne serait que ma modeste opinion, une ineptie de plus noyée dans une mer de commentaires. Ce que j’aime toutefois c’est me renseigner, ensuite réfléchir, puis écrire…
Gary Bettman fait face à des défis importants. Il doit assurer une reprise des parts de marchés fondues en même temps que les moult confinements.
Il doit emmener les revenus de sa ligue au-delà des 5 milliards $ annuellement.
Il a plié comme jamais auparavant face à l’association des joueurs dans les récentes négociations visant le retour au jeu en pleine pandémie.
Bettman ne pourra plus simplement augmenter la clause escrow au gré des manques à gagner. Celle-ci sera même plafonnée à seulement 6 % du salaire des joueurs pour les trois dernières années de l’entente soit entre 2023 et 2026. Clairement, le plafond salarial risque de demeurer intact pour quelques saisons à venir.
CLÉ DE L’ÉNIGME
Je reviens aux revenus, la clé de l’énigme.
La formule du week-end des étoiles polarise. On aime ou on n’aime pas. On est conservateur ou libéral, Jean Charest ou Justin Trudeau. Enfin bref… Toujours est-il qu’annuellement il s’agit de la meilleure cote d’écoute des diffuseurs américains auprès du jeune public.
Les moins de 35 ans représentent l’avenir du circuit. Ils incarnent le renouvellement de clientèle nécessaire au maintien, voire à l’augmentation des revenus.
Eux, ce qu’ils aiment et veulent voir, c’est le prolongement de leur console de jeux vidéo.
Eux, un but Michigan de Trevor Zegras, ça les stimule bien au-delà d’une mise en échec sournoise de Zack Kassian aux dépens de Samuel Montembeault.
Vrai qu’ils ne se lèvent pas pour aller se chercher une boisson énergisante si un combat éclate sur la glace. Mais s’ils font l’achat de billets en ligne, c’est d’abord dans l’espoir une fois sur place d’assister à du jeu ouvert et offensif. Ils sont stimulés par la vitesse et la créativité. La robustesse ne les effraie pas. Mais elle vient beaucoup plus bas dans leur liste de priorités.
AJUSTER LE DÉVELOPPEMENT
C’est pas mal moins vrai au Canada où l’on valorise encore trop les guerriers de la glace, ces joueurs de grand format qui brassent leur corridor et attaquent le filet adverse afin de « scorer avec leurs dents » s’il le faut.
Ça se reflète dans le développement des joueurs. Les Américains nous ont dépassés depuis un bail. Ils mettent d’abord l’accent sur les aptitudes individuelles. Sur le développement des habiletés. Nous, on en a encore trop et trop tôt pour le collectif. On veut former des Alexis Lafrenière, des Kaiden Guhle. Pas des Trevor Zegras ou des Adam Fox. Et Gary Bettman, lui, dans tout ça ?
Il doit convaincre certains dinosaures qui en mènent large autour de sa table des gouverneurs de se tourner vers l’avenir. D’aller vers le jeune public et pas juste un week-end par année « sur la frime » à Vegas.
Va-t-il y arriver avant la fin de son mandat ? J’en doute grandement.
J’aurais peut-être pensé le contraire s’il avait rabroué Rocky Wirtz publiquement après sa sortie inélégante et
grotesque de la semaine dernière à Chicago…