Lutter contre l’inflation n’est pas toujours évident
Le coût de la vie sera un des enjeux principaux de la campagne électorale de l’automne prochain au Québec. Mais que peuvent faire les gouvernements devant la hausse généralisée des prix ?
« C’est plaisant de donner des milliards de dollars au monde en temps de pandémie, mais ce l’est beaucoup moins de mettre des mesures en oeuvre pour lutter contre l’inflation », estime Serge Coulombe, professeur d’économie à l’Université d’Ottawa.
Il rappelle à quel point les autorités ont réagi lentement quand l’inflation est apparue dans les économies développées dans les années 1970.
DU COURAGE
« Il a fallu qu’elle soit au-dessus de 10 % pendant quelques années. Il n’y a rien de populiste à vouloir lutter contre l’inflation. C’est vraiment un challenge, ça prend du courage politique », avance le professeur.
Les gouvernements ne viseraient pas les bons problèmes.
« Ils devraient cesser de faire des mesures d’urgence et s’occuper de l’inflation. Il faut des politiques monétaires plus restrictives, il faut restreindre les dépenses gouvernementales », pense-t-il.
En gros, « il faut arrêter de mettre de l’huile sur le feu ».
DEUX VISIONS
Ce qui n’est pas tout à fait la vision de Julia Posca, chercheuse à l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS).
« Si les gouvernements ne s’étaient pas endettés pendant la pandémie, ce sont les entreprises et les ménages qui auraient dû le faire », propose-t-elle.
Les programmes d’aide des États canadien et québécois nous ont simplement permis d’éviter une récession, ajoute la chercheuse, et n’ont rien à voir avec l’inflation actuelle.
La hausse des prix est plutôt liée à des facteurs que ne contrôlent pas nos gouvernements.
« Ils ne contrôlent certainement pas le prix de l’essence et encore moins les sécheresses qui ont nui aux récoltes et ont poussé le prix des céréales à la hausse, par exemple », déclare Mme Posca.
Même la hausse des taux d’intérêt qui est à nos portes ne fera pas que du bien.
« Ça va mettre de la pression sur les ménages qui sont propriétaires », souligne-t-elle.