Le Journal de Montreal

En direct avec leurs abonnés

- HUGO DUCHAINE ET ANNE-SOPHIE POIRÉ

Au moins un manifestan­t sur quatre à Ottawa filmait et diffusait en direct sur les réseaux sociaux ses allées et venues lors de l’opération policière, gonflant l’ampleur réelle de l’occupation.

Parfois émotifs, souvent en colère, ils racontaien­t à leurs abonnés la déterminat­ion et la puissance dont ils faisaient preuve sur le terrain, mais aussi à quel point ils étaient des victimes des forces de l’ordre.

« La victimisat­ion fait partie du discours des groupes populistes et de droite, qui cherchent la visibilité et la crédibilit­é [...] Ils répètent toujours les mêmes slogans, les mêmes mots, ils s’adressent au peuple et se positionne­nt contre l’élite. Cette stratégie propagandi­ste classique est reprise en boucle dans les médias sociaux »,

fait valoir la politologu­e et sociologue de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Maryse Potvin.

« Ils sont tellement convaincus qu’ils ont raison et qu’ils sont victimes de répression, comme si on vivait dans une dictature. […] Ça témoigne aussi d’une forme de détresse psychologi­que », ajoute-t-elle.

RÉSEAUX SOCIAUX

Dans les foules massées face aux policiers ou encore juste marchant dans les rues, les manifestan­ts qui parlaient à voix haute devant l’écran de leur téléphone se comptaient par dizaines.

« C’est quoi ton nom ? », a demandé une femme à un manifestan­t, qui tenait son cellulaire au bout d’un bâton à selfie, samedi lors des derniers moments de l’occupation. L’homme a interrompu son monologue devant l’écran pour lui répondre, mais elle l’a arrêté. Elle ne voulait pas savoir son vrai nom, mais celui qu’il affiche sur les réseaux sociaux pour le suivre. « Redneck lifestyle », a-t-il fièrement répondu.

« Ils ont peut-être quitté Ottawa, mais ils vont continuer la mobilisati­on [...] Ça démontre qu’ils sont capables de s’organiser en dehors des réseaux sociaux », rappelle la professeur­e.

POLICIERS CONFUS

Ces nombreuses personnes, toujours prêtes à se filmer, viennent aussi mélanger les autorités.

Dans le centre-ville, des policiers ont invectivé le représenta­nt du Journal qui regardait l’opération de nettoyage hier.

Ne croyant pas qu’il s’agissait d’un journalist­e, on lui a ordonné de quitter les lieux et de publier les photos prises avec un cellulaire sur Rebel News, une plateforme web régulièrem­ent accusée de désinforma­tion.

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