En direct avec leurs abonnés
Au moins un manifestant sur quatre à Ottawa filmait et diffusait en direct sur les réseaux sociaux ses allées et venues lors de l’opération policière, gonflant l’ampleur réelle de l’occupation.
Parfois émotifs, souvent en colère, ils racontaient à leurs abonnés la détermination et la puissance dont ils faisaient preuve sur le terrain, mais aussi à quel point ils étaient des victimes des forces de l’ordre.
« La victimisation fait partie du discours des groupes populistes et de droite, qui cherchent la visibilité et la crédibilité [...] Ils répètent toujours les mêmes slogans, les mêmes mots, ils s’adressent au peuple et se positionnent contre l’élite. Cette stratégie propagandiste classique est reprise en boucle dans les médias sociaux »,
fait valoir la politologue et sociologue de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Maryse Potvin.
« Ils sont tellement convaincus qu’ils ont raison et qu’ils sont victimes de répression, comme si on vivait dans une dictature. […] Ça témoigne aussi d’une forme de détresse psychologique », ajoute-t-elle.
RÉSEAUX SOCIAUX
Dans les foules massées face aux policiers ou encore juste marchant dans les rues, les manifestants qui parlaient à voix haute devant l’écran de leur téléphone se comptaient par dizaines.
« C’est quoi ton nom ? », a demandé une femme à un manifestant, qui tenait son cellulaire au bout d’un bâton à selfie, samedi lors des derniers moments de l’occupation. L’homme a interrompu son monologue devant l’écran pour lui répondre, mais elle l’a arrêté. Elle ne voulait pas savoir son vrai nom, mais celui qu’il affiche sur les réseaux sociaux pour le suivre. « Redneck lifestyle », a-t-il fièrement répondu.
« Ils ont peut-être quitté Ottawa, mais ils vont continuer la mobilisation [...] Ça démontre qu’ils sont capables de s’organiser en dehors des réseaux sociaux », rappelle la professeure.
POLICIERS CONFUS
Ces nombreuses personnes, toujours prêtes à se filmer, viennent aussi mélanger les autorités.
Dans le centre-ville, des policiers ont invectivé le représentant du Journal qui regardait l’opération de nettoyage hier.
Ne croyant pas qu’il s’agissait d’un journaliste, on lui a ordonné de quitter les lieux et de publier les photos prises avec un cellulaire sur Rebel News, une plateforme web régulièrement accusée de désinformation.