Le Journal de Montreal

Toujours plus de VUS et de camions sur nos routes

Leur proportion a plus que doublé au cours des dix dernières années

- CAMILLE PAYANT Avec Philippe Langlois, Bureau d’enquête

Plus gros, plus hauts, plus forts : la proportion de VUS et de camionnett­es sur nos routes a plus que doublé depuis 2011, d’après une compilatio­n du Bureau d’enquête.

Les véhicules utilitaire­s sport (VUS) et les camionnett­es sont de plus en plus présents sur nos routes. Ils formaient 42,17 % du parc automobile en 2020, mais ne comptaient que pour 20,82 % en 2011, selon des chiffres obtenus auprès de la Société de l’assurance automobile du Québec.

Les minifourgo­nnettes sont les seuls camions légers à avoir perdu du terrain depuis 2011 : elles sont passées de 208 858 unités en 2011 à seulement 111 500 en 2020.

Les voitures, pour leur part, ont vu leur proportion chuter de 71,32 % en 2011 à 55,11 % en 2020.

Cela s’explique en partie par un changement de la culture automobile québécoise dans la dernière décennie.

« Auparavant, nos préférence­s étaient moins vers des véhicules énergivore­s. Nos préférence­s de consommati­on deviennent de plus en plus similaires à celles des autres provinces canadienne­s, c’est-àdire les gros pick-up », soutient Fanny Tremblay-Racicot, professeur­e à l’École

nationale d’administra­tion publique.

LES CAMIONS TOUJOURS POPULAIRES

Avec près de 145 000 spécimens sur la route, le Ford F-150 est de loin la camionnett­e la plus répandue et le quatrième véhicule le plus populaire, toutes catégories confondues.

La série F, qui inclut toute la gamme de camions de Ford, est toujours le véhicule le plus vendu au Québec.

Ce type de véhicule est davantage prisé dans les régions éloignées. Dans le Norddu-Québec, par exemple, près d’un véhicule sur deux est une camionnett­e.

« Ce ne sont pas quelques personnes qui se promènent en pick-up dans une région rurale qui sont à la source du problème.

Ce sont beaucoup plus les gens dans les régions urbaines et péri-urbaines », précise toutefois Andréanne Brazeau, analyste en mobilité chez Équiterre.

« DÉSASTRE ENVIRONNEM­ENTAL »

Selon un rapport de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal, les camions légers sont la principale cause de la hausse des émissions de gaz à effet de serre au Québec depuis 2014.

D’après Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la chaire, le Québec possède « trop » de gros véhicules. « C’est un désastre environnem­ental et ça coûte trop cher ».

« Étant donné que le système de financemen­t est très facile pour les véhicules, ça permet à tout le monde d’en acheter un, même les gens surendetté­s », s’inquiète le professeur à HEC Montréal.

Le prix moyen d’un camion léger est d’environ 10 000 dollars de plus que celui d’une voiture.

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