L’auto électrique ne réglera pas tout
Le Québec compte de plus en plus de véhicules électriques sur ses routes, mais ce virage ne réglera pas tous les problèmes, préviennent des experts.
« L’électrification des transports ne réduira pas le problème d’émissions de gaz à effet de serre des transports à elle seule », soutient Fanny Tremblay-Racicot, professeure à l’École nationale d’administration publique.
Au 31 décembre 2021, 128 599 véhicules électriques étaient en circulation, une augmentation de 39,01 % par rapport à 2020, selon une compilation de l’Association des véhicules électriques du Québec (AVEQ).
Cette progression pourrait toutefois être freinée par les délais de livraison des autos électriques, qui peuvent s’étendre jusqu’à plus d’un an.
« C’est décourageant de voir lorsqu’on va chez un concessionnaire qu’il n’y a aucun véhicule à faire essayer ni même à nous vendre », dit SimonPierre Rioux, président de l’AVEQ.
Québec vise 1,5 million de voitures électriques sur nos routes d’ici 2030.
TOUJOURS PLUS D’AUTOS
Pendant ce temps, le parc automobile ne cesse de s’accroître. Depuis 2011, 848 593 véhicules supplémentaires roulent sur les routes du Québec, une hausse de 14,18 %, selon des chiffres obtenus auprès de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ).
En 2020 seulement, 136 641 véhicules de plus ont été immatriculés.
Pour chaque véhicule électrique vendu, 15 camions légers sont arrivés sur le marché.
ENCORE DES PROBLÈMES
La transition vers un parc automobile entièrement électrique ne réglera pas tous les problèmes liés à l’utilisation des automobiles, préviennent des experts.
« Si c’est juste des pick-up et des gros VUS électriques, on n’a réglé aucun problème de congestion et aucun problème de sécurité routière. Les véhicules électriques sont plus lourds que leur version à essence, ça abîme nos infrastructures routières », précise Andréanne Brazeau, analyste en mobilité chez Équiterre.
Par exemple, la version électrique du Ford F-150 pèse 6500 livres. Son poids est 35 % plus élevé que le modèle à essence en raison de sa batterie qui pèse 1800 livres.
Selon Fanny Tremblay-Racicot, la solution passe donc par une meilleure gestion de la demande en transport, afin de diminuer le nombre de déplacements et réduire leur longueur.
« Il faut augmenter la densité et réduire l’étalement urbain, faire en sorte que les gens n’aient pas besoin de prendre leur voiture dans tous leurs déplacements et avoir des flottes de véhicules partagés, comme Communauto », exemplifie-t-elle.
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