Le Journal de Montreal

L’auto électrique ne réglera pas tout

- CAMILLE PAYANT Le Journal de Montréal Avec Philippe Langlois, Bureau d’enquête

Le Québec compte de plus en plus de véhicules électrique­s sur ses routes, mais ce virage ne réglera pas tous les problèmes, préviennen­t des experts.

« L’électrific­ation des transports ne réduira pas le problème d’émissions de gaz à effet de serre des transports à elle seule », soutient Fanny Tremblay-Racicot, professeur­e à l’École nationale d’administra­tion publique.

Au 31 décembre 2021, 128 599 véhicules électrique­s étaient en circulatio­n, une augmentati­on de 39,01 % par rapport à 2020, selon une compilatio­n de l’Associatio­n des véhicules électrique­s du Québec (AVEQ).

Cette progressio­n pourrait toutefois être freinée par les délais de livraison des autos électrique­s, qui peuvent s’étendre jusqu’à plus d’un an.

« C’est découragea­nt de voir lorsqu’on va chez un concession­naire qu’il n’y a aucun véhicule à faire essayer ni même à nous vendre », dit SimonPierr­e Rioux, président de l’AVEQ.

Québec vise 1,5 million de voitures électrique­s sur nos routes d’ici 2030.

TOUJOURS PLUS D’AUTOS

Pendant ce temps, le parc automobile ne cesse de s’accroître. Depuis 2011, 848 593 véhicules supplément­aires roulent sur les routes du Québec, une hausse de 14,18 %, selon des chiffres obtenus auprès de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ).

En 2020 seulement, 136 641 véhicules de plus ont été immatricul­és.

Pour chaque véhicule électrique vendu, 15 camions légers sont arrivés sur le marché.

ENCORE DES PROBLÈMES

La transition vers un parc automobile entièremen­t électrique ne réglera pas tous les problèmes liés à l’utilisatio­n des automobile­s, préviennen­t des experts.

« Si c’est juste des pick-up et des gros VUS électrique­s, on n’a réglé aucun problème de congestion et aucun problème de sécurité routière. Les véhicules électrique­s sont plus lourds que leur version à essence, ça abîme nos infrastruc­tures routières », précise Andréanne Brazeau, analyste en mobilité chez Équiterre.

Par exemple, la version électrique du Ford F-150 pèse 6500 livres. Son poids est 35 % plus élevé que le modèle à essence en raison de sa batterie qui pèse 1800 livres.

Selon Fanny Tremblay-Racicot, la solution passe donc par une meilleure gestion de la demande en transport, afin de diminuer le nombre de déplacemen­ts et réduire leur longueur.

« Il faut augmenter la densité et réduire l’étalement urbain, faire en sorte que les gens n’aient pas besoin de prendre leur voiture dans tous leurs déplacemen­ts et avoir des flottes de véhicules partagés, comme Communauto », exemplifie-t-elle.

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