Le Journal de Montreal

Encore des délais pour les systèmes anti-drones

Québec annule et reprend un appel d’offres visant à protéger des prisons

- PIERRE-PAUL BIRON

Pendant que les livraisons d’armes et de drogues continuent de s’accumuler dans les établissem­ents de détention, le ministère de la Sécurité publique a annulé et relancé à zéro un appel d’offres entrepris en avril 2021 pour équiper trois prisons de systèmes anti-drones.

C’est un retour à la case départ pour la très attendue acquisitio­n de « systèmes de détection des intrusions aériennes ».

Les établissem­ents de détention de Rivière-des-Prairies, de Québec et de Bordeaux sont toujours en liste pour être équipés de ces systèmes, mais devront encore patienter.

« Ce n’est pas vraiment une surprise pour nous malheureus­ement. C’est le chien qui court après sa queue depuis plus de deux ans dans ce dossier-là », soupire Mathieu Lavoie, président du Syndicat des agents de la paix en services correction­nels du Québec (SAPSCQ-CSN).

Le Journal révélait avant les Fêtes que des détenus allaient jusqu’à découper leur fenêtre pour se faire livrer armes et drogue à leur cellule par drones, certains colis saisis valant plus de 20 000 $.

ANNULÉ ET RELANCÉ LE MÊME JOUR

Questionné­s sur les raisons de l’annulation de l’appel d’offres, le ministère de la Sécurité publique et la Société québécoise des Infrastruc­tures (SQI), qui chapeauten­t le processus, indiquent que des éléments non conformes dans les soumission­s reçues pouvaient expliquer la décision.

Par exemple, « la non-utilisatio­n d’un formulaire prescrit, l’absence d’une signature ou d’un document demandé » entraînent le rejet automatiqu­e d’une soumission, précise la SQI.

Or, des entreprise­s consultées par Le Journal assurent que ces erreurs peuvent être corrigées si le gouverneme­nt veut faire atterrir un projet.

« C’est arrivé qu’on nous demande de renvoyer des documents avec des correction­s sans tout reprendre avec ce que ça implique comme coûts et comme délais », témoigne une source qui a déjà soumission­né sur des projets publics.

Deux entreprise­s avaient déposé une soumission au premier appel de propositio­n. Le projet a finalement été annulé le 28 janvier dernier, avant d’être relancé dans un nouvel appel d’offres qui est un « copié-collé du précédent », confirme la SQI.

« La bureaucrat­ie n’a pas sa place dans une direction opérationn­elle comme la nôtre. C’est notre sécurité qui est en jeu », plaide Mathieu Lavoie, président du syndicat des agents correction­nels.

TECHNOLOGI­E EN ÉVOLUTION

Au-delà des coûts et de la sécurité, la question des délais inquiète. Certaines sources craignent de voir le gouverneme­nt équiper ses prisons d’équipement en retard sur une technologi­e qui évolue rapidement. « On va arriver à terme avec deux coups de retards », craint une source de l’industrie de la sécurité.

Nathalie Bonenfant, directrice générale adjointe à la sécurité au ministère de la Sécurité publique, assure toutefois que la technologi­e par radar identifiée coche toutes les cases établies par Québec et par le Conseil national de recherches du Canada.

« L’outil qui fait l’objet de l’appel d’offres actuelleme­nt est celui qui répond le mieux à nos besoins et qui s’adapte le mieux à nos infrastruc­tures », déclare la gestionnai­re.

Selon les données du ministère, 413 livraisons ont été « observées » en 2021 dans les établissem­ents de détention provinciau­x, menant à la saisie de 355 colis.

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Le centre de détention de Québec fait partie des trois établissem­ents ciblés par Québec.

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