Encore des délais pour les systèmes anti-drones
Québec annule et reprend un appel d’offres visant à protéger des prisons
Pendant que les livraisons d’armes et de drogues continuent de s’accumuler dans les établissements de détention, le ministère de la Sécurité publique a annulé et relancé à zéro un appel d’offres entrepris en avril 2021 pour équiper trois prisons de systèmes anti-drones.
C’est un retour à la case départ pour la très attendue acquisition de « systèmes de détection des intrusions aériennes ».
Les établissements de détention de Rivière-des-Prairies, de Québec et de Bordeaux sont toujours en liste pour être équipés de ces systèmes, mais devront encore patienter.
« Ce n’est pas vraiment une surprise pour nous malheureusement. C’est le chien qui court après sa queue depuis plus de deux ans dans ce dossier-là », soupire Mathieu Lavoie, président du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec (SAPSCQ-CSN).
Le Journal révélait avant les Fêtes que des détenus allaient jusqu’à découper leur fenêtre pour se faire livrer armes et drogue à leur cellule par drones, certains colis saisis valant plus de 20 000 $.
ANNULÉ ET RELANCÉ LE MÊME JOUR
Questionnés sur les raisons de l’annulation de l’appel d’offres, le ministère de la Sécurité publique et la Société québécoise des Infrastructures (SQI), qui chapeautent le processus, indiquent que des éléments non conformes dans les soumissions reçues pouvaient expliquer la décision.
Par exemple, « la non-utilisation d’un formulaire prescrit, l’absence d’une signature ou d’un document demandé » entraînent le rejet automatique d’une soumission, précise la SQI.
Or, des entreprises consultées par Le Journal assurent que ces erreurs peuvent être corrigées si le gouvernement veut faire atterrir un projet.
« C’est arrivé qu’on nous demande de renvoyer des documents avec des corrections sans tout reprendre avec ce que ça implique comme coûts et comme délais », témoigne une source qui a déjà soumissionné sur des projets publics.
Deux entreprises avaient déposé une soumission au premier appel de proposition. Le projet a finalement été annulé le 28 janvier dernier, avant d’être relancé dans un nouvel appel d’offres qui est un « copié-collé du précédent », confirme la SQI.
« La bureaucratie n’a pas sa place dans une direction opérationnelle comme la nôtre. C’est notre sécurité qui est en jeu », plaide Mathieu Lavoie, président du syndicat des agents correctionnels.
TECHNOLOGIE EN ÉVOLUTION
Au-delà des coûts et de la sécurité, la question des délais inquiète. Certaines sources craignent de voir le gouvernement équiper ses prisons d’équipement en retard sur une technologie qui évolue rapidement. « On va arriver à terme avec deux coups de retards », craint une source de l’industrie de la sécurité.
Nathalie Bonenfant, directrice générale adjointe à la sécurité au ministère de la Sécurité publique, assure toutefois que la technologie par radar identifiée coche toutes les cases établies par Québec et par le Conseil national de recherches du Canada.
« L’outil qui fait l’objet de l’appel d’offres actuellement est celui qui répond le mieux à nos besoins et qui s’adapte le mieux à nos infrastructures », déclare la gestionnaire.
Selon les données du ministère, 413 livraisons ont été « observées » en 2021 dans les établissements de détention provinciaux, menant à la saisie de 355 colis.