Le Journal de Montreal

De la patience au volant

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Pas mauvais de débarquer à « Motor City » pour comprendre ce qui ne roule pas avec l’industrie automobile ces jours-ci : si les cours des concession­naires sont vides ici, pas étonnant qu’elles le

soient partout ailleurs.

Il continue de s’en construire des autos, des camions et tout ce que vous voulez à Detroit. Et à voir les signaux, on ne sera pas au bout d’interminab­les embouteill­ages dans quelques années. Il y a trois semaines, la PDG de General Motors, Mary Barra, se vantait d’annoncer « le plus gros investisse­ment de l’histoire de GM » !

Tout ça dans l’électrique au Michigan : sept milliards de dollars, 4000 nouveaux emplois, 1000 emplois préservés pour fabriquer des Hummer, des Cadillac, des Equinox et des Silverado.

LA VOITURE ÉLECTRIQUE, LE NOUVEL ELDORADO

GM vise à produire un million d’autos électrique­s en Amérique du Nord d’ici la fin de 2025 et convertir la moitié de ses usines pour ne fabriquer que de l’électrique en 2030.

Entre-temps, toutefois, il faut sortir les modèles déjà sur les chaînes d’assemblage et là, les machines bloquent. Les pénuries de semi-conducteur­s, mais aussi d’autres composante­s perdurent, et pas un des grands constructe­urs n’y échappe.

GM vise à produire un million d’autos électrique­s en Amérique du Nord d’ici la fin de 2025.

LE PLUS GROS GARAGE AU MONDE

Je ne devrais pas m’en surprendre, mais après avoir visité le « plus gros port de conteneurs » à Los Angeles, puis le « plus gros relais routier » à Walcott, en Iowa, je suis, bien sûr, tombé sur le « plus gros concession­naire Ford » au monde, installé sur une rue quelconque de Livonia, en banlieue de Detroit.

« Bill Brown Ford » a ouvert ses portes au milieu des années 50, et Rick Vaughn y vend des voitures depuis près de trois décennies : « Je sers maintenant les enfants et les petits-enfants de mes premiers clients. »

Il en a vu des crises, mais celle-là l’impression­ne.

Ensemble, lui et ses collègues écoulent 600 autos chaque mois.

À cause de la pénurie de semiconduc­teurs, il lui arrive constammen­t de devoir informer les clients qui veulent avoir leur véhicule maintenant qu’ils ne seront disponible­s que dans… cinq mois.

REPRENDRE LE RYTHME

« Il faut attendre dix mois pour recevoir un Super Duty F-250. Ça ne m’en prenait que de six à huit semaines par le passé », reconnaît-il un peu dépité, « quand je ne l’avais pas ici même, dans la cour. » En temps normal, ce « plus gros garage Ford » entreposai­t facilement mille voitures sur son terrain ; le concession­naire n’en a pas plus de 250 en ce moment.

Paradoxale­ment, John Drake, vice-président à la Chambre de commerce des États-Unis, chargé des questions d’approvisio­nnement, croit que l’industrie automobile sortira renforcée de cette mauvaise passe.

« Les consommate­urs américains et canadiens doivent relever ce type de défis pour encore quelques mois », me prévient-il avant d’enchaîner qu’il est persuadé que « les constructe­urs vont finir par offrir de meilleurs produits à un coût acceptable pour les clients ». Rick Vaughn s’en réjouit déjà.

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PHOTO RICHARD LATENDRESS­E Rick Vaughn vend des voitures depuis près de trois décennies et n’a jamais vu une crise comme celle que vit l’industrie automobile actuelleme­nt.

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