Prendre soin de son monde pour réussir
Il y a souvent des nouvelles qui font mal au coeur. Droits bafoués, femmes violentées, migrants noyés ou travailleurs étrangers maltraités par des entrepreneurs de chez nous. Le malheur fait du bruit, la bienveillance se vit plus souvent en silence. Mettons-la en lumière aujourd’hui.
À Sainte-Croix-de-Lotbinière, un discret fleuron québécois réalise de grands succès en affaires, en prenant soin de son monde et en s’engageant dans sa communauté.
Bien des gens ignorent tout de cette entreprise de 1000 employés, dont presque la moitié du marché se trouve aux États-Unis. Pourtant, Jean Laflamme, chef de la direction de Meubles South Shore, a été un pionnier de la vente de meubles en ligne au début du millénaire — avant IKEA. Un visionnaire dans une industrie bouleversée par la mondialisation.
« NOS VALEURS, CE
N’EST PAS JUSTE UN TRUC ÉCRIT SUR LES MURS »
– Jean Laflamme
TRAVERSER LA TEMPÊTE
Quand mars 2020 est arrivé et que les usines ont dû fermer, South Shore était prête à faire face ; elle avait traversé d’autres tempêtes. Premier réflexe : s’occuper de son monde. L’équipe des ressources humaines a appelé un à un les 1000 employés.
Cela a permis de constater la solitude de plusieurs personnes, dont la vie tournait autour du travail. Alors l’équipe s’est soudée pour organiser des activités en ligne, se retrouver et s’entraider. Jean Laflamme avait un message pour eux chaque semaine.
Avant que le soutien gouvernemental canadien arrive, South Shore a assuré les revenus de tout le monde. Au Mexique, où il n’y a eu aucune aide publique pendant le congé forcé, l’entreprise a versé 100 % des salaires à ses travailleurs. Pendant trois mois !
« Nos valeurs, ce n’est pas juste un truc écrit sur les murs », souligne l’entrepreneur, qui a acheté deux maisons pour bientôt recevoir une douzaine de ses travailleurs mexicains au Québec.
Parmi les valeurs de South Shore : agir avec éthique et authenticité et développer les gens. La bienveillance, qu’on ne nomme jamais, découle de l’éthique.
« Pour se développer, les gens doivent se sentir appuyés. Leur bienêtre doit être pris en compte dans la croissance de l’entreprise », considère le père de quatre enfants.
Du fait que les employés se sont sentis soutenus en pandémie, ils se sont mobilisés pour réaliser des projets qui font la différence. Ils ont réussi à réduire de 50 % les déchets destinés à l’enfouissement.
« En plaçant les gens au centre des valeurs de l’entreprise, ils prennent le lead de ce qu’il y a à faire », se réjouit le chef d’entreprise.
VENTE EN LIGNE ET FONDATION
Autre réalisation pandémique réussie : offrir la plateforme de ventes en ligne et la force de marketing de South Shore à d’autres entreprises québécoises prêtes pour l’exportation, mais qui auraient mis des années à se tailler une place dans le marché américain. Ce n’est pas tout. L’entreprise, qui a aussi une fondation pour aider les jeunes et les familles, a soutenu 5000 personnes l’an
dernier en donnant des meubles, des services ou de l’argent. Puis, en partenariat avec celle du lieutenant-général à la retraite Roméo Dallaire, la fondation aide les jeunes de milieux vulnérables à construire leur leadership pour pouvoir à leur tour créer de la valeur dans la société. L’accompagnement dure cinq ans ; de quoi transformer des vies...
Croire au potentiel et aimer suffisamment les gens pour leur permettre de grandir : c’est ce que South Shore réalise au quotidien.
Un fabricant de meubles ? Oui, mais peut-être surtout quelqu’un qui permet à des ailes de se déployer.