Les vaccins intranasaux la solution pour bloquer la transmission du coronavirus ?
Une étude rapporte que l’utilisation d’un vaccin intranasal comme dose de rappel permet de bloquer l’infection à la source, ce qui pourrait permettre d’empêcher la transmission interindividuelle du coronavirus.
Les vaccins anti-COVID-19 actuellement disponibles sont extrêmement efficaces pour prévenir les formes graves et les décès liés à la maladie, mais leur capacité à prévenir l’infection est moindre, surtout pour des variants comme Omicron, qui échappent en grande partie à l’action des anticorps neutralisants.
Un autre facteur qui contribue à cette baisse d’activité contre les infections est que les anticorps (IgG) qui sont produits en réponse aux vaccins injectés dans les muscles sont principalement retrouvés dans le sang, avec seulement une minorité d’entre eux qui atteignent la muqueuse respiratoire du nez, la principale porte d’entrée du virus.
Autrement dit, les vaccins actuels sont indispensables pour former les soldats capables de neutraliser l’intrus après son entrée dans le corps, mais ils ne permettent pas cependant à ces soldats de se poster au point d’entrée du virus et de bloquer l’infection à la source.
IMMUNITÉ MUCOSALE
Les muqueuses respiratoires, en particulier la muqueuse nasale, sont en contact direct avec l’environnement extérieur et donc constamment exposées à des agents pathogènes présents dans l’air.
Ces muqueuses jouent donc un rôle de barrière extrêmement important et ont acquis au cours de l’évolution un système immunitaire qui leur est propre, utilisant une forme d’anticorps distincts (les IgA), qui agissent localement pour neutraliser les pathogènes.
Dans le cas du coronavirus responsable de la COVID-19, les études suggèrent que ces IgA jouent un rôle très important pour prévenir l’infection ; par exemple, on a récemment observé que les personnes vaccinées qui avaient des niveaux inférieurs d’IgA dans le mois suivant la deuxième dose étaient plus susceptibles de développer une infection(1).
VACCIN INTRANASAL
Les vaccins intranasaux représentent donc une approche intéressante pour prévenir les infections, car ils offrent une protection exactement au site où elle est nécessaire, soit les muqueuses des voies respiratoires utilisées par le coronavirus pour pénétrer dans le corps.
Au moins une douzaine de ce type de vaccins sont présentement en développement et les résultats préliminaires sont très intéressants, avec une protection contre l’infection par le coronavirus observée chez plusieurs animaux (souris, hamster, furets et singes).
Selon une étude récente, les vaccins intranasaux pourraient être particulièrement utiles lorsqu’utilisés comme rappel, c’est-àdire chez des personnes qui ont déjà été doublement vaccinées et ont donc une immunité de base contre le coronavirus(2).
Les chercheurs ont en effet montré que, chez des souris préalablement immunisées contre le coronavirus, l’administration intranasale d’un vaccin contenant la protéine du spicule du coronavirus induisait une forte augmentation des lymphocytes B et T et des niveaux d’IgA au niveau de la muqueuse, ainsi qu’à une activation de l’immunité systémique. Cette réponse immunitaire est associée à une réduction marquée de la charge virale et à une protection complète des animaux contre l’infection mortelle par le virus.
Cette approche est vraiment très attrayante étant donné le rôle central joué par l’immunité mucosale contre l’infection par le coronavirus et son potentiel à prévenir la transmission interindividuelle.
(1) Sheikh-Mohamed S et coll. Systemic and mucosal IgA responses are variably induced in response to SARS-CoV-2 mRNA vaccination and are associated with protection against subsequent infection. medRxiv, déposé en prépublication le 2 janvier 2022.
(2) Mao T et coll. Unadjuvanted intranasal spike vaccine booster elicits robust protective mucosal immunity against sarbecoviruses. bioRxiv, déposé en prépublication le 28 janvier 2022.