Le Journal de Montreal

Gérard Depardieu incarne Maigret

Le célèbre inspecteur français revient au grand écran

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PARIS | (AFP) Depardieu dans la peau de Maigret : la gueule la plus connue du cinéma français prête ses traits à une légende de la littératur­e populaire, vue des centaines de fois à l’écran, et revisitée dans un

film intime et crépuscula­ire.

Après Michel Simon, Jean Gabin, ou encore Bruno Cremer à la télé, Depardieu enfile à son tour l’imper du célèbre inspecteur. Son Maigret, en salles françaises ce mercredi, est un policier usé par le temps, auquel son médecin a ordonné d’arrêter de tirer sur son éternelle pipe.

L’inspecteur du 36, quai des Orfèvres, le QG historique de la police judiciaire parisienne, doit élucider la mort d’une jeune inconnue retrouvée morte en pleine rue.

Maigret va rapidement identifier la victime, une jeune femme modeste, Louise (Clara Antoons), montée à Paris pour tenter de gagner sa vie.

Elle a croisé le chemin d’un couple de jeunes bourgeois décadents, Jeanine (Mélanie Bernier) et Laurent ClermontVa­lois (Pierre Moure), qui organisent des parties fines avec de jeunes filles rarement consentant­es dans les beaux quartiers de la capitale.

La jeune victime, dont le cadavre a été abandonné dans une rue des faubourgs, a été vue pour la dernière fois au mariage du couple, où elle s’était rendue après avoir loué un manteau de fourrure.

Pour mener l’enquête, Maigret va se rapprocher d’une jeune délinquant­e, Betty (Jeanne Labeste), qu’il va prendre sous son aile, frappé par une ressemblan­ce étrange avec la victime – clin d’oeil à Sueurs froides d’Hitchcock.

Adapté des dizaines de fois, au cinéma, mais surtout à la télévision pendant des décennies, le personnage inventé par

Georges Simenon méritait-il un nouveau film ?

Sans aucun doute pour le cinéaste Patrice Leconte, qui confie que l’idée de filmer un Maigret « classique » menant l’enquête la pipe à la bouche le « glaçait d’effroi ». Alors son Maigret à lui aura « une pipe pour se souvenir de comment c’était », mais « plus envie de rien, même pas de fumer ».

« FRAGILITÉS TROUBLANTE­S »

Le réalisateu­r des Bronzés et Ridicule,

qui sort d’une traversée du désert avec plusieurs projets qui ont tourné court, a choisi pour son retour l’une des enquêtes les plus « introspect­ives » du commissair­e, Maigret et la jeune morte.

Exit l’intrigue policière et les énigmes – qui chez Simenon aussi d’ailleurs ne sont souvent que des prétextes – au profit d’une quête plus psychologi­que, centrée sur les tourments du commissair­e, renvoyé à la mort de sa propre fille.

Dans le film, « son oeil s’allume à nouveau sur un plan émotionnel pour cette jeune morte, dont personne ne sait qui elle était. C’est une enquête sur la victime plutôt que sur l’auteur, c’est ça qui est bouleversa­nt », poursuit Patrice Leconte.

UN RÔLE SUR MESURE

Comte de Monte-Christo, Cyrano de Bergerac... À 73 ans, Depardieu a souvent joué des figures du patrimoine, et livre une prestation toute en retenue pour incarner ce héros de la littératur­e populaire.

D’autant qu’avec sa vie d’acteur émaillée de succès, d’excès et de drames intimes, dont le deuil d’un fils, Guillaume, mort à 37 ans, le choix de Depardieu est devenu progressiv­ement une évidence pour jouer ce « Maigret en bout de course » et blessé, dont rêvait Leconte.

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PHOTO COURTOISIE UNIFRANCE L’acteur Gérard Depardieu semble taillé sur mesure pour ce rôle exigeant...

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