Le Journal de Montreal

« Je me suis bien amusé »

Jacques Villeneuve s’est bien débrouillé à son retour en piste

- Louis Butcher louis.butcher@quebecorme­dia.com

DAYTONA BEACH | Parti 40e et dernier sur la grille de départ, Jacques Villeneuve a rallié l’arrivée au 22e rang hier à sa première participat­ion au 500 Milles de Daytona.

Le Québécois, qui n’avait pas roulé en Coupe NASCAR depuis 2013 et sur un anneau de vitesse depuis 15 ans, a su éviter le chaos en fin de parcours pour ramener la voiture sur ses quatre roues et en un seul... morceau.

Austin Cindric a remporté l’épreuve pour signer sa toute première victoire dans la discipline-reine du stock-car, et ce, à son huitième départ seulement en carrière.

« On espérait un top 20, a relaté Villeneuve en entrevue au Journal, mais bon, je suis content de ma performanc­e. Je me suis bien amusé. Finir 22e, c’est un bel accompliss­ement dans les circonstan­ces. »

MEILLEUR QUE SA… VOITURE

« Quand j’ai pu rouler avec le groupe de tête, j’étais à l’aise, a-t-il enchaîné. Ma satisfacti­on, c’est d’avoir tenu tête à des prétendant­s à la victoire pendant plusieurs tours. Et, surtout, sans faire d’erreur. »

Au deuxième segment, où il a connu ses meilleurs moments, Villeneuve a inscrit le neuvième temps le plus rapide en course au 76e tour quand il a arrêté le chronomètr­e à 46,344 secondes pour une vitesse moyenne de 194,200 milles à l’heure.

« La voiture n’était pas parfaite, souvent capricieus­e. J’ai éprouvé des problèmes de sous-virage [train avant instable] en début de course, puis c’est l’arrière, un peu plus tard, qui avait tendance à vouloir décrocher. »

Sans risque de se tromper, on peut affirmer que Villeneuve a été tout simplement meilleur que sa voiture. Et c’est tout en son honneur d’avoir réussi son pari non seulement de parvenir à se qualifier pour cette épreuve mythique, mais aussi de compléter l’épreuve, même s’il a dû concéder trois tours au vainqueur.

« MISSION ACCOMPLIE »

N’oublions pas non plus qu’il est âgé de 50 ans et qu’il a affronté des vétérans aguerris de la spécialité (qui comptent des centaines de départs de plus que lui) et de jeunes loups au grand talent.

« Le fait d’avoir été immobilisé pendant deux jours [en raison d’ennuis mécaniques] cette semaine n’a certes pas aidé, a affirmé Villeneuve. On a manqué de temps pour peaufiner notre préparatio­n. Mais dans l’ensemble, je peux dire… mission accomplie. »

S’il n’a pu compléter que 198 des 201 tours (un accident tardif a nécessité une prolongati­on d’un tour), Villeneuve prétend qu’il aurait pu n’en concéder qu’un seul aux meneurs.

« À un moment donné, a-t-il dit, je me suis retrouvé dans la mauvaise trajectoir­e et cinq pilotes en ont profité pour me doubler. Dès lors, j’ai perdu un tour. »

PÉNALISÉ PENDANT UN ARRÊT

Villeneuve n’a pas amélioré son sort pendant les arrêts au puits de ravitaille­ment et il s’est d’ailleurs excusé à son chef d’équipe, Tommy Baldwin, quand le drapeau à damier a été agité pour la dernière fois de la journée.

À sa première halte, au 37e tour, on l’a bien vu perdre le contrôle de sa Ford Mustang à l’entrée des puits, mais, fort heureuseme­nt pour lui, il a pu éviter tout dommage.

« Ce n’était pas toujours facile, a-t-il affirmé, de comprendre le fonctionne­ment des freins. J’ai été piégé à mon premier arrêt. J’ai perdu un autre tour quand j’ai raté l’emplacemen­t de mon équipe dans les puits. Il a fallu que je revienne dans les puits pour purger une pénalité. »

Villeneuve avait connu le même problème pendant son « duel » jeudi soir. Son équipe, Hezeberg, n’était pas dotée d’un panneau lumineux, comme toutes les autres équipes, pour lui indiquer l’endroit précis où s’arrêter.

C’est une petite équipe, à sa toute première incursion en Coupe NASCAR, qui

apprendra de ses erreurs.

UNE PASSION INTACTE

Malgré son âge vénérable, Villeneuve n’a pas paru trop épuisé à sa sortie de voiture. La course a duré trois heures et demie.

« Je m’attendais honnêtemen­t à ce que ça soit plus dur, a-t-il souligné, même si on a eu de longs relais sans interrupti­on et sans lever le pied. »

Villeneuve n’a pas caché, à la fin de notre conversati­on, qu’il souhaitait évidemment renouveler l’expérience.

« Je ne veux pas attendre cinq ou six ans avant de reprendre le volant d’une voiture de la Coupe NASCAR. Mais, ça va nous prendre des commandita­ires. On sait exactement ce que ça prend pour rouler à un niveau aussi élevé. »

Sa passion est intacte, a-t-il rappelé. « Je n’avais pas besoin de ça pour me motiver à vouloir continuer. Je veux revenir, c’est certain. J’aurais souhaité que la fin de la course soit plus excitante pour moi », a-t-il conclu.

Villeneuve est devenu le premier Québécois en 62 ans (le Montréalai­s Dick Foley l’avait précédé en 1960) à participer au Daytona 500.

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PHOTO D’ARCHIVES Jacques Villeneuve en attente juste avant les qualificat­ions de l’épreuve de Daytona 500, mercredi.
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