LE PLUS GRAND DES DÉFIS
Pas facile de laisser la famille pour voguer vers l’inconnu
PÉKIN | Et puis, avez-vous aimé ces Jeux d’hiver ? D’ici, dans cette bulle, ce fut grandiose. Pour un baptême de feu olympique, c’en fut tout un. Les vétérans diront que ceux de Londres, Turin, Athènes, Nagano, Lillehammer et compagnie étaient incomparables. Mon barème s’arrête à
ceux-ci. Pékin 2022. Mes premiers.
François-David Rouleau l∫
Ils resteront à jamais gravés dans ma mémoire. Évidemment, j’aurais souhaité vivre une vraie olympiade où l’on peut jaser avec n’importe qui et n’importe quand. Aller fouiner librement dans les rues et les ruelles pour parler au vrai monde qui m’accueille. Me promener un peu partout sur les sites de compétition plutôt que de suivre les rangées de clôtures comme un cheval rentrant à l’étable. Je me promets d’y revenir une fois dans la vie pour vivre l’authentique expérience.
Mais en 2022, avec ce monde qui a chaviré il y a deux ans, c’était inimaginable de souhaiter une aventure olympique « normale ». Surtout ici, en Chine. Chacun d’entre nous avait des craintes et des appréhensions sur le déroulement et les mesures de contrôle dans cette bulle. Je peux confirmer que, somme toute, tout s’est bien déroulé. La santé a tenu le coup. La trentaine de tests de dépistage depuis un mois n’a révélé aucune trace de ce satané virus. Je croise les doigts pour que ça en reste ainsi.
C’est un soulagement alors que je suis déjà sur le chemin du retour vers la maison pour serrer les miens qui m’ont vraiment manqué.
POUR FISTON
Parce que mon plus grand défi n’était pas de me rendre en Chine et faire mon travail jour et nuit. Aux Olympiques, on sait quand on se lève, mais on ne sait pas quand on se couche ! Non, mon plus grand défi était de laisser ma famille derrière en partant vers l’inconnu durant un mois en raison du contexte.
Je pourrai bientôt raconter à mon garçon pourquoi son papa était parti si longtemps. Il entendra les histoires de ces athlètes canadiens qui se sont défoncés, verra des photos prises ici et là dans un lieu et un moment uniques, lira plus tard toutes les pages publiées, et j’espère qu’il en sera fier.
Si le comité organisateur, les bénévoles, les comités olympiques, les athlètes, entraîneurs et tous ces gens qui ont participé de près ou de loin à ces Jeux ont réalisé un immense défi, les journalistes aussi. Les conditions de travail ne sont pas toujours évidentes. Il faut être prêt à frapper n’importe quelle balle courbe.
Chaque jour amène son lot de défis et de surprises auprès d’athlètes en mission, aussi sensibles qu’incroyables. Les enjeux sont nombreux des deux côtés.
J’ai observé, écouté et questionné des athlètes tantôt heureux, tantôt abattus. Tant d’efforts, de passion et d’énergie déployés remettent les choses en perspective.
Par chance, j’ai pu accomplir mon boulot dans un environnement confortable oscillant autour du point de congélation à Pékin, car mes collègues Didier et Richard se sont gelé les fesses à -1000 durant des heures dans les montagnes de Zhangjiakou. C’était moins frisquet dans les arénas de Pékin où le manteau était tout de même nécessaire.
Tout compte fait, je suis bien heureux d’avoir accepté cette proposition de mon patron, Denis. Ce fut une aventure formidable au sein d’une superbe équipe. Mes Jeux étaient uniques. Les prochains, je le souhaite, ne pourront qu’être plus extraordinaires. Merci d’avoir participé à l’aventure.
XièXiè BeiJing Zaijian