Le Journal de Montreal

Des appartemen­ts à garde partagée

Nouveau modèle de location pour des parents séparés

- CAMILLE PAYANT

En plus de la garde partagée de leurs enfants, des parents partagent maintenant leur appartemen­t afin d’avoir les moyens de conserver un pied-à-terre près de leurs petits.

« Mes enfants vont à l’école à Montréal et habitent avec leur maman. J’ai une maison en Estrie, mais je souhaitais être présent pour la garde de mes enfants quelques jours aux deux semaines », dit Pascal Côté.

Après avoir passé quelques jours par mois à l’hôtel pendant un an pour être près de ses deux petits, l’ingénieur a décidé de louer un appartemen­t lui permettant d’avoir un pied-à-terre permanent.

« Je voulais offrir de la stabilité à mes enfants et un environnem­ent où on pouvait laisser nos choses », précise-t-il.

Or, puisqu’il a déjà une hypothèque à payer pour sa résidence permanente, son loyer de 1200 $ était trop élevé pour qu’il soit en mesure de le payer seul.

Il a donc trouvé un autre père dans la même situation que lui, avec qui il partage son logement situé dans l’est de la ville.

AUSSI POUR UNE PROCHE AIDANTE

Geneviève Tardy songe elle aussi à partager son appartemen­t avec un autre locataire.

L’enseignant­e en géographie au cégep a décidé de louer une chambre dans Lanaudière afin de se rapprocher de sa mère et de son oncle vieillissa­nts.

Elle doit cependant rester à Montréal une semaine sur deux, lorsqu’elle a la garde de sa fille.

« Je n’ai pas envie de me ruiner à vouloir aider les autres. Si je vais être 50 % du temps là-bas, pourquoi je ne louerais pas mon appartemen­t à quelqu’un qui en a besoin ? », précise-t-elle.

Sa propositio­n a suscité l’engouement chez plusieurs personnes, dont un photograph­e du Saguenay qui se cherche un pied-à-terre à Montréal ou une dame qui souhaite avoir un nouvel endroit hors de sa maison pour se concentrer lorsqu’elle est en télétravai­l.

« Tout le monde ne veut pas être en colocation. C’est comme Airbnb, mais sans objectif lucratif », précise la quadragéna­ire.

RÉPERCUSSI­ONS

Les personnes tentées par un tel modèle locatif devraient être prudentes, selon des organismes de défense de locataires.

Ce modèle « n’existe pas dans la loi. Déjà qu’on voit qu’il y a des trous dans la loi et que les locataires sont mal protégés, en cas de désaccord, qui va intervenir ? » s’interroge Véronique Laflamme, porte-parole du Front d’action populaire en réaménagem­ent urbain.

Si le locataire original décide de louer à une autre personne, « il y a une mise en danger pour la personne qui est sur le bail et il n’y a pas de protection pour la personne qui n’est pas sur le bail », confirme Marion Duval, porte-parole du Regroupeme­nt des comités logement et associatio­ns de locataires du Québec.

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PHOTO COURTOISIE Geneviève Tardy est à la recherche d’un colocatair­e avec qui partager son appartemen­t 50 % du temps afin de ne pas se ruiner et d’aider quelqu’un d’autre.
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PASCAL CÔTÉ Père

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