Le Journal de Montreal

L’Office national des femmes

- SOPHIE DUROCHER sophie.durocher @quebecorme­dia.com

Pour le 8 mars, journée internatio­nale des femmes, j’ai reçu un communiqué complèteme­nt délirant de l’Office national du film. Bientôt à l’ONF, il n’y aura plus aucune place pour les hommes blancs genrés binaires hétéros allochtone­s. C’est écrit… noir sur blanc. PARITÉ « INTERSECTI­ONNELLE »

L’ONF était tout fier de nous annoncer, à l’occasion du 8 mars, qu’il avait non seulement atteint, mais dépassé les objectifs de parité hommes-femmes qu’il s’était fixés il y a six ans.

« L’ONF souligne que 60 % de toutes les oeuvres en cours (307) sont réalisées par des femmes ou par des équipes dans lesquelles la représenta­tion des femmes est égale ou supérieure à celle des hommes. Qui plus est, 66 % des budgets de production ont été alloués à des production­s dirigées par des femmes. »

J’ai de la difficulté à saisir en quoi c’est une bonne nouvelle. Pourquoi se péter les bretelles ? Si ton objectif est d’atteindre 50 % (parce que les femmes représente­nt 50 % de la population), pourquoi le dépasser ? Si on veut la parité, c’est pour corriger ce qu’on considère une injustice. Mais en quoi créer une injustice envers les hommes est une bonne chose ?

La parité est le symbole d’un équilibre. Mais dépasser la parité, c’est créer un déséquilib­re, non ?

Est-ce que ça signifie que l’objectif de l’ONF n’était pas la parité, mais plutôt une majorité de femmes ?

Plus loin dans le communiqué, on nous dit : « L’ONF a atteint ou dépassé ses objectifs dans trois des quatre principale­s activités de création, à savoir la scénarisat­ion (58 % de femmes), le montage (50 %) et la compositio­n musicale (57 %) ».

Encore une fois, le message qu’on envoie c’est qu’il vaut mieux être une femme qu’être un homme pour travailler à l’ONF.

Mais attendez, j’ai gardé le meilleur pour la fin. Suite du communiqué de l’ONF : « Au cours des prochaines semaines, l’ONF mettra en oeuvre un mécanisme d’auto-identifica­tion à l’intention des créateurs, créatrices, collaborat­eurs et collaborat­rices qui appartienn­ent à des groupes en quête d’équité. Il s’emploiera ainsi, en tout respect, à accroître la représenta­tion de ces personnes ».

Et comment fera-t-on ça ? Grâce à un « questionna­ire d’auto-identifica­tion, qui sera diffusé à compter d’avril 2022.

Et voici une citation de Julie Roy, directrice générale, Création et innovation : « L’ONF a montré qu’il était déterminé à atteindre la parité hommesfemm­es dans ses production­s. Nous sommes impatients de pousser plus loin cette démarche en veillant à ce que la parité soit intersecti­onnelle et à ce qu’elle soutienne la représenta­tion des femmes noires, autochtone­s, racisées et LGBTQ2+, tant parmi les réalisatri­ces qu’au sein des équipes de création qui les appuient ».

On résume. À partir d’avril, vous allez pouvoir vous autodéclar­er membre d’une minorité victime de discrimina­tion. Et si vous vous autodéclar­ez comme femme algonquine transgenre ou femme bisexuelle sri lankaise, on va vous dérouler le tapis rouge. Sinon, allez vous faire voir ailleurs.

J’ai cherché les mots « compétence­s », « qualificat­ions », « talent », « expérience » dans le communiqué de l’ONF. Je ne les ai pas trouvés.

LE DÉCLIN

Au siècle dernier, un tout jeune Denys Arcand apprenait son métier à l’ONF. En 2022, un jeune Denys Arcand se ferait carrément claquer la porte au nez. Pas du bon sexe ! Pas de la bonne couleur ! Pas de la bonne orientatio­n sexuelle ! Pas de la bonne origine !

En quoi est-ce un progrès ?

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