Le Journal de Montreal

Levée de boucliers contre les cours de patinage

- DAPHNÉE DION-VIENS

L’enseigneme­nt du patin à l’école primaire dans les cours d’éducation physique, recommandé par le Comité sur le développem­ent du hockey, suscite une levée de boucliers dans le réseau scolaire.

« C’est complèteme­nt utopique, je ne vois vraiment pas comment on pourrait arriver à faire ça », lance Nicolas Prévost, président de la fédération qui représente la majorité des directions d’école de la province.

Transporte­r les élèves vers des patinoires extérieure­s ou des arénas coûterait « une fortune » alors que d’autres besoins sont beaucoup plus pressants dans le réseau, ajoute-t-il.

Même son de cloche du côté des centres de services scolaires. « Avant d’envoyer les élèves à l’aréna, il faut d’abord être en mesure de les asseoir dans une classe », affirme Caroline Dupré, présidente-directrice générale de la fédération qui les regroupe, qui fait allusion au manque criant d’espace dans plusieurs écoles.

PERTE D’AUTONOMIE

Pour les professeur­s d’éducation physique, il s’agit d’une attaque en règle contre leur autonomie profession­nelle.

Les programmes d’éducation physique prévoient le développem­ent de compétence­s bien précises, mais il revient à chaque enseignant de décider quel sport doit être pratiqué – ou quelle activité – pour y parvenir.

« Imposer des sports obligatoir­es, comme le patin, ça ne respecte pas l’autonomie et l’expertise des profs », affirme Véronique Marchand, directrice générale de la Fédération des éducateurs et éducatrice­s physiques enseignant­s du Québec.

Ce ne sont d’ailleurs pas tous les professeur­s qui ont les habiletés pour enseigner le patin, fait-elle remarquer.

Le déplacemen­t vers une patinoire ou un aréna – lorsque ces infrastruc­tures sont accessible­s – priverait aussi les élèves de précieuses minutes d’enseigneme­nt.

GRATUITS LE SAMEDI ?

D’autres avenues pourraient toutefois être envisagées. Des cours de patinage gratuits pourraient être offerts tous les samedis matin, avance Mme Marchand.

Les réticences sont aussi grandes dans les rangs des syndicats d’enseignant­s. « C’est comme si les enfants au Québec n’avaient pas de parents… Pourquoi tout doit toujours reposer sur l’école ? Et pourquoi le patin serait plus important que le soccer ou le basketball ? », lance Sylvain Mallette, président de la Fédération autonome de l’enseigneme­nt.

Au cabinet du ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, on a refusé de réagir à cette propositio­n, nous référant plutôt à la ministre Isabelle Charest, responsabl­e du dossier.

Au cabinet de Mme Charest, on indique vouloir prendre le temps d’analyser ces recommanda­tions et d’élargir les discussion­s avant de prendre position.

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