Le Journal de Montreal

Setlakwe ou le non-renouvelle­ment du PLQ

- ANTOINE ROBITAILLE antoine.robitaille@quebecorme­dia.com

On savait que le virage

nationalis­te de Dominique Anglade était terminé, mais la candidate qu’elle a présentée hier dans Mont-Royal– Outremont, Michelle Setlakwe, pour remplacer Pierre Arcand, incarne de manière quasi caricatura­le un retour au passé libéral Johnson-Charest-Couillard.

Les départs de vétérans comme Arcand devaient être une promesse de renouveau, non ?

Ancienne avocate du grand bureau d’affaires Norton Rose, Mme Setlakwe a choisi de lancer sa carrière en pestant contre « les sujets à saveur nationalis­te, identitair­e, qui nous divisent ».

DIVISION

Quel argument faible et trompeur que celui contre la « division » !

Proposer une politique, même appréciée d’une majorité, décevra toujours un autre groupe, qui aura le droit de manifester son opposition.

Gouverner, c’est diviser. La démocratie, c’est la division organisée. Surtout à l’époque des démocratie­s d’opinion polarisées par les médias dits « sociaux » hyperréact­ifs.

Même en faisant la promotion d’un geste aussi scientifiq­uement démontré que le vaccin, on peut être accusé de « diviser » ! Parlez-en à nos premiers ministres Trudeau et Legault.

Autres exemples : le gouverneme­nt conservate­ur de Stephen Harper, dont Michael Fortier, conjoint de Mme Setlakwe, a fait partie (sans être élu, il était sénateur), n’a-t-il fait qu’« unir » ? Ses politiques pétrolière­s ; sa célébratio­n de la mémoire de John A. Macdonald, etc. ?

Le gouverneme­nt Charest, auquel Margaret Delisle, soeur de M. Fortier, a appartenu, a-t-il toujours été « uni » ?

Pensons aux référendum­s sur les défusions de 2004… Lesquels ont permis à Ville Mont-Royal – où Mme Setlakwe fut conseillèr­e municipale – de se séparer de la grande ville de Montréal. Donc de « diviser » la métropole. Et ce, sur des lignes linguistiq­ues en majeure partie.

Aussi, Mme Setlakwe, en s’attaquant à la Loi sur la laïcité de l’État (ce qui est légitime), décevra les Québécoise­s et les Québécois. Évidemment. Les caquistes pourraient accuser la nouvelle politicien­ne de « diviser ».

Mais qui « divisent » au juste ? Qui devrait abandonner ses conviction­s pour se fondre dans une sorte de consensus ?

RETOUR

On pourrait dire que le PLQ d’Anglade a essayé la chose, en matière de langue française ! Ce sont Hélène David et David Birnbaum qui proposèren­t avec enthousias­me l’amendement au projet de loi 96 afin que tous les cégépiens des collèges anglophone­s réussissen­t trois cours en français.

Cela créa une commotion dans les clientèles libérales traditionn­elles. Suivie d’une désaffecti­on marquée à l’égard du PLQ d’Anglade (qui se dépêcha de faire marche arrière).

Curieuseme­nt, Mme Setlakwe nia l’existence de cet exode hier… pour sommer plus tard les militants rouges à « revenir au bercail ».

Pour le PLQ et sa candidate, le PL 96 va « trop loin ». L’avocate a beau faire une profession de foi en un Québec où l’on peut devenir « fluent in as many languages you want », lorsqu’il s’agit d’aider anglophone­s et allophones à mieux maîtriser la langue officielle du Québec, c’est évidemment « excessif ».

Retour, là aussi, au PLQ d’avant. Celui où Christine St-Pierre, comme elle le raconte dans ses mémoires, se fit dire « non » au conseil des ministres de Jean Charest lorsqu’elle proposa un resserreme­nt de la loi 101.

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