L’anneau qui laisse un vide
La semaine dernière, on annonçait le dévoilement de l’installation d’une nouvelle structure en forme d’anneau à l’entrée de l’esplanade de la Place Ville-Marie. Cette installation artistique géante d’un diamètre de 30 m pèse près de 23 000 kg et sera érigée entre deux tours de la firme, propriétaire de l’esplanade.
Un beau projet, certes, et au bon endroit, mais pour lequel l’aluminium était tout destiné. C’est la réaction que nous avons eue en apprenant que l’oeuvre était réalisée en acier inoxydable importé des États-Unis, plutôt qu’en aluminium à faible empreinte carbone produit au Québec.
L’ALUMINIUM : UN MEILLEUR CHOIX
L’aluminium aurait dû être considéré et retenu pour les raisons suivantes :
√ Il aurait nécessité près de la moitié
moins de matériau avec un allègement de poids conséquent réduisant
d’autant la charge morte sur les murs de l’édifice.
√ L’aluminium produit au Québec a la plus faible empreinte carbone au
monde.
√ Le gouvernement du Québec a reconnu cette industrie comme l’un des trois piliers de la relance économique du Québec, et la Stratégie québécoise de développement de l’aluminium vise l’utilisation accrue de
ce noble matériau ici, au Québec.
√ Le projet se situe sur l’esplanade de la Place Ville-Marie, soit tout près des sièges sociaux de deux entités importantes du secteur de l’aluminium au Québec et dans le monde, Alcoa Canada et Rio Tinto Aluminium. Un des plus grands monuments de la métropole, la tour cruciforme de la Place Ville-Marie, qui se trouvera à quelques pas de l’anneau géant, est lui-même un symbole fort de l’utilisation de l’aluminium et sa durabilité depuis plus de 60 ans.
√ AluQuébec, la Grappe industrielle de
l’aluminium du Québec, est localisée à Montréal, et financée en partie par la Communauté métropolitaine de Montréal depuis maintenant 10 ans.
√ Nos institutions, comme la Caisse de dépôt et son bras immobilier Ivanhoé Cambridge, sont engagées dans une démarche de décarbonation.
UN SYMBOLE FORT DE NOTRE ÉCONOMIE
On conviendra que le choix sensé aurait été d’utiliser l’aluminium québécois, matériau emblématique de notre terroir, de nos ressources et de notre génie à l’étranger. L’industrie de l’aluminium au Québec représente plus de 30 000 emplois et plus de 6,4 milliards $ d’apport à notre économie. Il y a plus de 1500 entreprises qui manufacturent des produits en aluminium au Québec.
AluQuébec, l’instance fédératrice des acteurs principaux de l’industrie, et l’Association de l’aluminium du Canada, toutes deux situées au centre-ville de
Montréal, travaillent d’arrache-pied depuis des années pour développer
une culture de l’aluminium au Québec, auprès des gouvernements et donneurs d’ordre institutionnels.
Si on assure qu’il s’agit d’un projet qui « symbolisera l’union forte entre Montréal, ses citoyens et ses citoyennes […] », n’aurait-il pas été plus judicieux de mettre en valeur un matériau qui est un symbole fort de notre économie, et qui est reconnu pour ses avantages esthétiques et de durabilité ?
Depuis longtemps, nous faisons la promotion de l’utilisation de l’aluminium dans des projets d’infrastructures durables qui, au cours de leur vie utile, ont un coût moindre. Espérons que la prochaine fois, on aura le réflexe aluminium, et on pensera à considérer et mettre en valeur le savoir-faire du Québec.