Le Journal de Montreal

Notre recyclage est pourri

Les matières récupérées au Québec sont de piètre qualité et le portrait se dégrade

- JEAN-MICHEL GENOIS GAGNON

« LE TRAVAIL QUI EST FAIT DANS LES CENTRES DE TRI DOIT ÊTRE AMÉLIORÉ, TOUT COMME LE TRAVAIL FAIT À LA MAISON PAR LES CITOYENS » – Mario Plourde, grand patron de Cascades

Les matières recyclées, entre autres, au Québec sont de plus en plus contaminée­s, constate Cascades, qui les utilise pour fabriquer du papier et du carton. Cette situation a des impacts sur les coûts de production.

« De façon générale, la qualité des matières récupérées n’est pas de très grande qualité. [...] C’est une situation qui se dégrade depuis un certain temps », a confié au Journal le président et chef de la direction, Mario Plourde, après l’assemblée annuelle des actionnair­es.

Cascades utilise 83 % de matières recyclées dans ses recettes de production.

La société québécoise détient d’ailleurs 17 centres de tri au Canada et aux ÉtatsUnis où elle s’approvisio­nne en partie. L’entreprise achète également de la matière provenant des bacs de recyclage auprès d’autres compagnies.

PLUS DE CONTAMINAN­TS QU’AVANT

C’est lorsque vient le temps de trier à nouveau les matières usées dans ses usines que Cascades constate qu’il y a plus de contaminan­ts, que ce soit du verre, des métaux, du plastique ou d’autres produits. Puisque la facture est au poids, ces déchets se transforme­nt en perte financière.

« Le travail qui est fait dans les centres de tri doit être amélioré, tout comme le travail fait à la maison par les citoyens », espère M. Plourde, précisant que cette situation n’affecte toutefois pas la qualité des produits de la compagnie.

L’INFLATION FAIT MAL À CASCADES

Cascades a dévoilé, hier, ses résultats financiers pour son premier trimestre de l’année, clos le 31 mars.

La direction n’a pas caché être victime des pressions inflationn­istes, notamment sur le transport et les surcharges sur les prix du carburant ainsi que sur les coûts de la matière première.

Les problèmes de transport ont aussi retardé les livraisons, entraînant une légère diminution de la demande pour certains produits.

Cette situation préoccupe l’entreprise qui prévoit ressentir ces impacts tant que l’invasion de la Russie en Ukraine se poursuit. La direction dit être toutefois en bonne position pour continuer d’affronter la tempête.

M. Plourde est d’avis que les gouverneme­nts devraient intervenir pour atténuer les conséquenc­es de la hausse des frais de transport.

RÉSULTATS DÉCEVANTS

M. Plourde a qualifié la dernière récolte financière de la compagnie de « décevante » et sous les projection­s.

« Il y a beaucoup de turbulence­s dans les marchés », a-t-il avancé, ajoutant que la pénurie de main-d’oeuvre donne également des maux de tête à ses équipes.

À son premier trimestre 2022, Cascades a encaissé une perte de 15 millions de dollars, ou de 0,15 $ par action ordinaire, comparativ­ement à des profits de 22 millions de dollars un an plus tôt. Les ventes ont cependant progressé avec un total de 1,04 milliard de dollars contre 942 millions de dollars pour la même période en 2021.

Pour cette année, Cascades prévoit poursuivre notamment la conversion de son usine de Bear Island située en Virginie, sur la côte est américaine. Un projet dont les investisse­ments devraient atteindre les 400 millions de dollars. Le démarrage de ces installati­ons est prévu pour décembre prochain.

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PHOTO D’ARCHIVES, STEVENS LEBLANC Mario Plourde , PDG de Cascades.

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