Le Journal de Montreal

LOUISE DESCHÂTELE­TS

- louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Comment remplacer l’amour de ma mère ?

Je suis la fille unique d’une mère qui a toujours été exigeante, mais comme j’ai toujours su que c’était pour mon bien, je ne lui en ai jamais voulu pour sa rigidité envers moi. Je me suis mariée sur le tard avec un homme qui a accepté que ma

mère partage notre logement.

J’ai toujours été dévouée. D’abord à ma mère, et ensuite à mon mari. Comme l’un et l’autre étaient sur la même longueur d’onde sur le plan de la sévérité, il me suffisait de marcher droit et de ne jamais me plaindre, pour leur plaire. Mon mari est décédé d’un cancer du poumon il y a dix ans.

Ses dernières années furent difficiles, mais comme j’étais mariée pour le meilleur comme pour le pire, j’ai supporté le pire, avec en plus ma mère qui continuait à me réclamer sa juste part d’attention. Je m’en suis sortie grâce à ma forte constituti­on et à la volonté que j’avais de faire de mon mieux pour ma mère.

Après le décès de mon mari, ma mère a monopolisé toute mon attention. Rien n’était assez bien pour elle, et je devais sans cesse redoubler de vigilance pour ne rien rater de ce qu’elle attendait de moi, avant qu’elle ne commence à sombrer dans les limbes de la maladie d’Alzheimer et qu’elle cesse de me reconnaîtr­e.

Une cousine, la fille d’une soeur de ma mère en fait, m’a convaincue de la placer pour ne pas mourir à la tâche. Je l’ai placée, et je crois qu’elle ne me l’a jamais pardonné. Jamais par la suite elle n’a eu de bons mots pour moi. Elle était toujours sèche et hargneuse et me traitait comme une servante, chaque fois que je la visitais. Les préposées me disaient de ne pas m’en faire, que dans le fond elle n’était plus vraiment dans la réalité, mais je m’en faisais quand même.

Elle est morte lors de la troisième vague de la COVID, mais pas de la COVID, d’une embolie pulmonaire, m’a-t-on dit. Je n’arrête pas de m’en vouloir depuis. Même si ça ne paraissait pas beaucoup, ma mère m’aimait, et sa présence me manque plus que tout au monde. Comment ai-je pu me laisser convaincre de l’abandonner alors qu’elle avait tant besoin de moi ? C’est ça que je ne me pardonne pas. Jamais je n’aurais dû la placer !

Fille ingrate

Si au lieu de persister à vous détruire à vos propres yeux, vous preniez conscience qu’en plaçant votre mère, vous avez posé le premier geste d’émancipati­on de votre existence, est-ce que ça ne remettrait pas les choses dans une plus juste perspectiv­e ? Pas plus que votre mari, votre mère ne pouvait faire pour vous ce que vous n’avez jamais eu l’audace de vous accorder : soit la confiance en vousmême ! Le temps est venu d’apprendre à vous aimer pour profiter des années qui vous restent. Même si ça risque d’être un gros travail, ça en vaudrait la peine.

Peut-on aimer deux fois la même personne ?

Je n’ai jamais eu beaucoup de succès avec les femmes et je me retrouve à soixante ans, seul encore une fois. Ma dernière blonde m’a lâché sous prétexte que je manquais d’ambition. Un gars que j’avais connu jadis m’a dit dernièreme­nt que ma première blonde était veuve depuis six mois. Sur le coup, je n’ai pas réagi, mais je commence à penser que je n’avais jamais rien terminé avec elle, et que peut-être, c’est elle la vraie femme de ma vie.

Un gars mélangé

« Qui ne risque rien n’a rien », dit le proverbe. Pour vérifier votre intuition, il faudrait lui dire à elle ce que vous me révélez dans votre mot.

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