Le Journal de Montreal

Les ratons laveurs des villes sont plus intelligen­ts

- MATHIEU-ROBERT SAUVÉ

Les ratons laveurs des villes sont vraisembla­blement plus débrouilla­rds que ceux des régions, a démontré un chercheur québécois.

« Non seulement les ratons habitués aux humains ont-ils plus de succès que les ratons laveurs des régions sauvages à vaincre les obstacles, mais ils réussissen­t plus rapidement à accéder à la nourriture », explique le biologiste Louis Lazure, qui met actuelleme­nt la dernière main à son doctorat en comporteme­nt animal à l’Université Concordia.

Au cours de trois étés consécutif­s, le coordonnat­eur à la recherche du Zoo de Granby a disséminé des appâts dans différents endroits des parcs nationaux du Québec et observé les stratégies des mammifères pour mettre la patte sur un savoureux mélange de nourriture à chat et de guimauves caché dans deux types de contenants.

TROIS ÉPREUVES

Dans le premier, l’animal devait tirer sur un loquet et le faire glisser hors d’un anneau pour se régaler.

Seulement 4 % des animaux y sont parvenus. Dans le second dispositif, il s’agissait de faire glisser deux tubes. Un truc réussi par 40 % des chapardeur­s.

À l’aide de caméras dotées de vision nocturne, le biologiste a accumulé plus de 37 heures de tournage qui lui ont permis d’observer une nette différence entre les individus habitués à la présence humaine, dans des zones récréative­s où le camping est permis, et les zones de préservati­on où aucun humain ne circule, en principe.

PLUS RAPIDES ET PLUS AGILES

La différence observée entre les ratons habitués aux humains et les autres, en zone sauvage, se situait dans la rapidité d’exécution et dans la diversité des tentatives menées pour parvenir à leurs fins.

« Cela n’est pas très étonnant si on considère que les animaux qui sont habitués aux humains ont eu à rivaliser d’ingéniosit­é pour venir à bout des loquets sur les poubelles, glacières et paniers de victuaille­s. Tandis que ceux des zones de préservati­on, en pleine forêt, n’ont pas accès à ces sources de nourriture. »

Aucune différence cognitive n’a été notée entre les mâles et les femelles, mais cette téléréalit­é a montré quelques moments de haute intensité dramatique : une bataille sérieuse entre deux ratons fâchés et une prise de bec avec une mouffette attirée par le buffet.

La recherche, effectuée en collaborat­ion avec la Société des établissem­ents de plein air du Québec (SÉPAQ), a été menée aux parcs nationaux de Yamaska, de Plaisance et des Îles-de-Bouchervil­le.

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LOUIS LAZURE Biologiste

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