Allons-nous voter pour les aînés ?
Plus jamais.
Combien de fois entendrons-nous cette phrase au sujet de l’hécatombe de la première vague dans les CHSLD d’ici les prochaines élections ?
On s’en doutait, c’est maintenant confirmé par le rapport de la coroner Géhane Kamel. C’est la négligence institutionnalisée depuis des décennies qui a tué 3675 aînés en CHSLD dans des conditions franchement révoltantes.
La COVID-19 n’a fait qu’empirer une situation déjà gravement délétère.
Le vrai scandale, c’est notre trop longue indifférence. Il est là le vrai coup de barre à donner.
MUSÉE DES HORREURS
L’indignité honteuse dans laquelle des aînés ont péri au CHSLD Herron a heurté notre humanité.
Mais les histoires d’Ephrem Grenier, Lucille Gauthier, Yvan Luc Brodeur et Maria Lermytte, pour ne nommer que ceux-là, sont tout aussi horrifiantes. La piètre qualité des soins qu’ils ont subis remonte à bien avant la COVID-19.
Au CHSLD Yvon-Brunet, où Ephrem Grenier est décédé, l’odeur nauséabonde et les traces d’urine faisaient partie du décor. Jamais sa fille n’a vu un employé se laver les mains, même après avoir mangé.
Au CHSLD des Moulins, Lucille Gauthier a perdu 11 livres entre janvier et mars 2020. Surchargée, la nutritionniste n’avait pas le temps de bien suivre les patients.
Au CHSLD René-Lévesque, Yvan Luc Brodeur a failli mourir de déshydratation sévère en janvier 2020, à la suite d’une éclosion d’influenza. Le médecin proposait de le laisser partir avec des soins de confort !
Au CHSLD Laflèche, le personnel ne connaissait pas le dossier médical complexe de Maria Lermytte.
La liste est aussi longue qu’horrifiante, car sans la COVID, nous n’aurions pas été confrontés à l’ampleur du drame qui néglige la fin de vie de tant d’aînés abandonnés à un système de
soins défaillant et indigne.
DÉTERMINANT
Et pourtant, cette triste réalité, on la connaît depuis trop longtemps.
Par le biais de leurs enquêtes respectives, la coroner, la commissaire à la santé et la protectrice du citoyen ont offert une feuille de route exhaustive pour sortir nos aînés hébergés de cet âge de pierre.
Facile pour les partis d’opposition de critiquer le gouvernement, réclamer une enquête publique. Mais que proposeront-ils pour corriger cette injustice indigne d’une société riche et moderne comme la nôtre ?
La classe politique aura-t-elle l’audace d’un vrai débat, avec de vraies réformes ? Ou se contentera-t-elle d’une empathie mielleuse et rassurante ? Le gouvernement ajustera-t-il son projet de Maisons des aînés ?
Car n’oublions pas une chose essentielle. C’est la population qui a le pouvoir de dicter l’avenir de nos aînés en perte d’autonomie.
Techniquement, une élection est le moment privilégié pour faire entendre cette revendication. Or, il faut l’avouer, rien n’est moins sûr.
Le 3 octobre prochain, les Québécois voteront-ils en fonction des réformes urgentes dans les soins aux aînés, ou choisiront-ils de privilégier leur portefeuille ?
C’est la question à laquelle nous devrions tous réfléchir.
Le vrai scandale, c’est notre trop longue indifférence