LA PÉNURIE DE CONDUCTEURS : OÙ SONT-ILS TOUS PASSÉS?
En plus de la pénurie de conducteurs qui persiste depuis des années, les perturbations sur les chaînes d’approvisionnement causées par la pandémie bouleversent toute l’industrie.
Dans certaines entreprises de transport, il y a plus de postes ouverts que de conducteurs au volant de leurs véhicules. Cela illustre à quel point le manque de conducteurs est criant. Cette pénurie, qui était déjà difficile à gérer pour les entreprises avant la pandémie, est devenue pratiquement ingérable depuis.
À plus large échelle, la pénurie touche non seulement l’Amérique du Nord — il manque près de 80 000 conducteurs de camions chez nos voisins du Sud —, mais aussi toute l’Union européenne et la puissante Chine. En effet, de larges pans de l’économie chinoise sont frappés par une réglementation zéro COVID-19 stricte.
Outre la pandémie, l’augmentation fulgurante du commerce électronique et les départs à la retraite n’ont fait qu’aggraver le marché de l’emploi dans cette industrie jouant un rôle majeur dans l’économie.
Plus subjectivement, les bonus et les hauts salaires ne suffisent plus à attirer les candidats et les conducteurs actuellement en emploi. Ces derniers recherchent avant tout une plus grande qualité de vie : comme retourner à la maison après le travail et faire moins d’heures supplémentaires ainsi que moins de longs trajets.
Des départs à la retraite
Des candidats chauffeurs qui ont devant eux l’embarras du choix font des demandes très nombreuses et précises à l’embauche. Malheur aux employeurs qui ne peuvent pas les accepter toutes, car les chauffeurs iront voir chez la concurrence.
Les raisons pour lesquelles tout le monde semble avoir besoin de plus de chauffeurs routiers sont un peu plus compliquées et elles varient d’un pays à l’autre : les réglementations, les salaires, les conditions de travail et les infrastructures influencent tous le marché du travail.
La principale cause de la disparition de conducteurs est inévitablement les départs à la retraite des babyboomers, qui sont nombreux à quitter le métier. Avec des fonds de retraite bien garnis en fin de carrière, ce sont autant de conducteurs qui disparaissent du marché et des feuilles de paie des entreprises.
Ces départs à la retraite ont été amplifiés par les premiers confinements obligatoires de la pandémie. Le risque de tomber malade et l’incertitude économique en ont incité plusieurs à prendre leur retraite.
Mettez-vous à la place d’un conducteur au début de la pandémie. Quand tout était fermé, un chauffeur routier ne pouvait même pas trouver d’endroit où prendre une douche ou manger un repas. Il n’en fallait pas plus pour les démotiver.
Des départs vers d’autres emplois
L’autre phénomène qui a incité nombre de camionneurs à abondonner leur métier a été la forte reprise économique qui a rapidement suivi la crise pandémique. Du coup, plusieurs camionneurs à la recherche d’un emploi différent ou d’une qualité de vie meilleure ont vu apparaître des milliers de postes ouverts et accessibles qui leur offraient un plus grand contrôle de leur vie. Les propriétaires-exploitants ou ceux qui étaient liés par des contrats de locationachat étaient souvent épuisés par les longues distances d’un État ou d’une province à l’autre, sans oublier les aléas de la route (crevaisons, embouteillages, accidents) ou encore le zèle des douaniers pendant les contraintes sanitaires. Les pressions étaient fortes sur eux.
Quant aux salaires, si les augmenter s’avère la solution magique, les entreprises de transport qui se livrent une concurrence féroce n’ont pas souvent les moyens de gâter leurs employés et leurs conducteurs.
Parfois, ce sont des événements géopolitiques qui affectent les camionneurs. Par exemple, le Brexit de la Grande-Bretagne et les modifications des règles d’immigration qui ont suivi ont exacerbé la pénurie de chauffeurs.