Encorné par son taureau
La vie d’un père de famille est en danger depuis qu’il a été pris à partie par l’animal qu’il élevait sur sa fermette
Un drame secoue une famille de l’Abitibi alors qu’un père de 31 ans lutte pour sa vie après avoir été encorné par le taureau qu’il élevait sur sa fermette.
Par passion, Valérie Roberge et son conjoint Nicolas Chalifoux, qui occupent chacun leur profession, possèdent une fermette à Rochebaucourt, une petite municipalité située à 80 km au nord de Val-d’Or qui ne compte que 131 résidents.
Ils y ont une demi-douzaine de bêtes ; des vaches à lait et un taureau de race Ayrshire.
Le 1er mai sur l’heure du midi, Nicolas Chalifoux était en train de nourrir ses animaux lorsque la bête l’a attaqué.
« Le taureau lui a donné un coup de tête qui l’a jeté par terre. Il lui a entré une corne dans l’abdomen et l’a brassé », a raconté sa conjointe.
Par chance, l’homme de 31 ans n’a pas perdu connaissance.
« Avec l’adrénaline, il est demeuré debout. Il m’a appelé à mon commerce (à 45 minutes de route du domicile). J’ai contacté la voisine pour qu’elle aille à son secours », a ajouté Mme Roberge.
La voisine l’a embarqué dans une voiture et a pris la direction de l’hôpital d’Amos, à près de 70 km. « Par chance après cinq ou six kilomètres, ils ont croisé une ambulance », précise Mme Roberge.
À UN DOIGT DE MOURIR
La semaine dernière, M. Chalifoux a été transporté par avion-ambulance à l’hôpital du Sacré-Coeur de Montréal en raison de la gravité de son état.
« La corne est passée très près de l’aorte du coeur. Nicolas a vraiment été très chanceux dans toute sa malchance », ajoute Mme Roberge.
Si cette artère avait été sectionnée, M. Chalifoux serait rapidement décédé au bout de son sang.
« Il a déjà eu sept opérations majeures. Les médecins ne savent toujours pas s’il va survivre. Il a recommencé à bouger tranquillement (hier) sans encore ouvrir les yeux. Mentalement, selon les médecins, il est là », fait remarquer Mme Roberge qui reprenait un peu espoir, hier.
Elle souligne que si l’état de son conjoint continue à s’améliorer, les médecins ont tout de même avancé que plusieurs semaines, voire des mois d’hospitalisation seront nécessaires pour son rétablissement, ainsi que d’autres opérations.
POURQUOI ?
Même si l’attaque était complètement inattendue, Valérie Roberge ne peut voir qu’une explication. « Une vache venait d’avoir un veau deux jours auparavant. Estce que le taureau a voulu protéger le veau ? »
Mais le mystère demeure puisqu’ils avaient l’animal depuis sa naissance, il y a près de trois ans, et qu’il s’était toujours montré docile. « Il n’était pas le plus sociable, mais quand on allait dans le champ, il venait à nous. Il nous suivait quand on avait une chaudière de moulée. On a présumé que c’était à cause du veau parce qu’il n’avait jamais montré de signe [d’agressivité] », a-t-elle expliqué.
APPEL À LA PRUDENCE
L’Union paysanne, qui regroupe des petits éleveurs au Québec, dit n’avoir jamais eu connaissance d’une telle attaque.
Toujours est-il que pour Valérie Roberge, il n’est « absolument » plus question d’avoir un taureau sur la propriété. La dame lance un message aux passionnés qui, comme elle et son conjoint, ont des fermettes. « Ils doivent être très prudents. Ça demeure des bêtes. »
Nicolas Chalifoux est mécanicien-soudeur pour un sous-traitant dans l’industrie minière.
Mme Roberge doit faire sept heures de route pour aller au chevet de son conjoint. Elle se retrouve seule soutien de famille. Le couple a deux jeunes enfants de 6 et 7 ans.
Une campagne de sociofinancement a été lancée pour aider la famille. Sur GoFundMe : La famille Chalifoux.