Un trafiquant risque l’extradition
L’homme a mis en place un réseau de vente de cocaïne en France pendant qu’il fuyait les autorités québécoises
À peine sorti du pénitencier, un trafiquant de cocaïne lié aux Hells Angels risque maintenant d’être envoyé en France, où il devra purger huit ans d’incarcération pour avoir dirigé une « véritable structure commerciale » de livraison de drogue à Marseille.
« Le service fonctionnait 7 jours sur 7 et les clients étaient rappelés, tel un service de clientèle commercial pour connaître leur degré de satisfaction, présenter le service de la “société” et leur demander de les inscrire sur le registre des clients », peut-on lire dans la demande d’extradition concernant Pascal Fresquet.
Fresquet, un Montréalais de 50 ans, est sur le point de finir de purger une peine de près de trois ans écopée à Québec en octobre 2019, à la suite du démantèlement d’une cellule de trafiquants liés à Richard Hudon, l’un des fondateurs des Hells Angels au Québec.
Selon la police, Fresquet était un des « responsables » du réseau, qui récoltait entre 30 000 $ et 40 000 $ par mois en vente de cocaïne. Il avait été arrêté en 2011, mais il avait fait faux bond à la justice.
Il était revenu au pays de lui-même après sept ans de cavale mystérieuse, ce qui a mené à son arrestation immédiate à l’aéroport de Montréal. Il a été condamné peu après.
AFFAIRES LUCRATIVES
Or, pendant sa cavale, le trafiquant d’origine française ne s’est pas tenu à carreau. Au contraire, il a plutôt mis en place avec sa maîtresse une « petite entreprise » de vente et de livraison de cocaïne, selon les documents des autorités françaises.
Ciblant les fêtards qui sortaient en boîte de nuit, il s’était ainsi monté une clientèle marseillaise « exigeante », mais qui pouvait lui rapporter gros.
« Cette activité, favorisée par le boucheà-oreille d u monde de la nuit a connu une croissance exponentielle de telle sorte qu’il devait trouver sans cesse des sources d’approvisionnement », indique le parquet de Marseille dans des documents de cour.
Les affaires étaient si lucratives qu’un simple livreur pouvait gagner jusqu’à 8000 euros par mois, soit trois fois plus qu’un enseignant au sommet de l’ancienneté en France.
« Cela permet d’imaginer l’échelle des ventes », affirme la justice française.
Et la demande était si grande que pour se ravitailler en cocaïne, Fresquet et ses acolytes ont dû se tourner vers Paris.
« Il s’est adjoint la collaboration de plusieurs malfrats qui lui ont permis de rentrer en relation d’affaires […] avec des individus pouvant lui fournir des quantités de plus en plus importantes de cocaïne », indique le document de cour.
Lorsqu’il a été arrêté en France, il était sur le point d’acheter pour un demi-million d’euros de cocaïne, mais avait juré vendre « pas plus de 3 à 4 grammes à la fois ».
Une perquisition à son domicile avait également permis de saisir une arme de chasse semi-automatique.
LA FRANCE PLUS SÉVÈRE
Or, juste avant d’être jugé en France, Fresquet est revenu au Canada. Il a donc été arrêté au Québec, où il a écopé de sa sentence d’un peu moins de trois ans. La justice française l’a toutefois jugé en son absence, et l’a condamné à huit ans de pénitencier, pour ses crimes commis en 2013 et 2014.
« [Le trafic de cocaïne] génère de gros problèmes de santé publique mais au-delà, est la source de nombreux problèmes sociaux, exclusions, mafias, violences, argent illicite et économie parallèle », a affirmé un juge français avant de le condamner.
À moins qu’il ne consente à son extradition, le trafiquant devra se présenter prochainement devant un tribunal de Montréal afin que son sort soit fixé.