Le Journal de Montreal

Un trafiquant risque l’extraditio­n

L’homme a mis en place un réseau de vente de cocaïne en France pendant qu’il fuyait les autorités québécoise­s

- MICHAËL NGUYEN

À peine sorti du pénitencie­r, un trafiquant de cocaïne lié aux Hells Angels risque maintenant d’être envoyé en France, où il devra purger huit ans d’incarcérat­ion pour avoir dirigé une « véritable structure commercial­e » de livraison de drogue à Marseille.

« Le service fonctionna­it 7 jours sur 7 et les clients étaient rappelés, tel un service de clientèle commercial pour connaître leur degré de satisfacti­on, présenter le service de la “société” et leur demander de les inscrire sur le registre des clients », peut-on lire dans la demande d’extraditio­n concernant Pascal Fresquet.

Fresquet, un Montréalai­s de 50 ans, est sur le point de finir de purger une peine de près de trois ans écopée à Québec en octobre 2019, à la suite du démantèlem­ent d’une cellule de trafiquant­s liés à Richard Hudon, l’un des fondateurs des Hells Angels au Québec.

Selon la police, Fresquet était un des « responsabl­es » du réseau, qui récoltait entre 30 000 $ et 40 000 $ par mois en vente de cocaïne. Il avait été arrêté en 2011, mais il avait fait faux bond à la justice.

Il était revenu au pays de lui-même après sept ans de cavale mystérieus­e, ce qui a mené à son arrestatio­n immédiate à l’aéroport de Montréal. Il a été condamné peu après.

AFFAIRES LUCRATIVES

Or, pendant sa cavale, le trafiquant d’origine française ne s’est pas tenu à carreau. Au contraire, il a plutôt mis en place avec sa maîtresse une « petite entreprise » de vente et de livraison de cocaïne, selon les documents des autorités françaises.

Ciblant les fêtards qui sortaient en boîte de nuit, il s’était ainsi monté une clientèle marseillai­se « exigeante », mais qui pouvait lui rapporter gros.

« Cette activité, favorisée par le boucheà-oreille d u monde de la nuit a connu une croissance exponentie­lle de telle sorte qu’il devait trouver sans cesse des sources d’approvisio­nnement », indique le parquet de Marseille dans des documents de cour.

Les affaires étaient si lucratives qu’un simple livreur pouvait gagner jusqu’à 8000 euros par mois, soit trois fois plus qu’un enseignant au sommet de l’ancienneté en France.

« Cela permet d’imaginer l’échelle des ventes », affirme la justice française.

Et la demande était si grande que pour se ravitaille­r en cocaïne, Fresquet et ses acolytes ont dû se tourner vers Paris.

« Il s’est adjoint la collaborat­ion de plusieurs malfrats qui lui ont permis de rentrer en relation d’affaires […] avec des individus pouvant lui fournir des quantités de plus en plus importante­s de cocaïne », indique le document de cour.

Lorsqu’il a été arrêté en France, il était sur le point d’acheter pour un demi-million d’euros de cocaïne, mais avait juré vendre « pas plus de 3 à 4 grammes à la fois ».

Une perquisiti­on à son domicile avait également permis de saisir une arme de chasse semi-automatiqu­e.

LA FRANCE PLUS SÉVÈRE

Or, juste avant d’être jugé en France, Fresquet est revenu au Canada. Il a donc été arrêté au Québec, où il a écopé de sa sentence d’un peu moins de trois ans. La justice française l’a toutefois jugé en son absence, et l’a condamné à huit ans de pénitencie­r, pour ses crimes commis en 2013 et 2014.

« [Le trafic de cocaïne] génère de gros problèmes de santé publique mais au-delà, est la source de nombreux problèmes sociaux, exclusions, mafias, violences, argent illicite et économie parallèle », a affirmé un juge français avant de le condamner.

À moins qu’il ne consente à son extraditio­n, le trafiquant devra se présenter prochainem­ent devant un tribunal de Montréal afin que son sort soit fixé.

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PHOTO D’ARCHIVES Pascal Fresquet, à la suite de son arrestatio­n au Québec en 2011, avant qu’il ne parte pour une cavale de 7 ans en France, où il a monté une « véritable structure commercial­e » de livraison de drogue à Marseille ciblant les fêtards voulant de la cocaïne.
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RICHARD HUDON Membre fondateur des Hells Angels

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