Peine reportée par manque de greffière
Une fraudeuse rentre chez elle au lieu d’aller en prison
Une fraudeuse qui a volé près de 750 000 $ à l’entreprise où elle travaillait peut remercier le manque de personnel au tribunal, qui a fait en sorte qu’elle n’a pas pu écoper de sa sentence hier.
« C’est dû au manque de greffières », a déploré le juge Jean-Jacques Gagné en annonçant le report du dossier de Georgia Tzanetakos hier au palais de justice de Montréal.
Munie d’une petite valise contenant ses effets personnels, la fraudeuse de 61 ans semblait pourtant prête à prendre le chemin des cellules. Dans une salle attenante, la juge Karine Giguère semblait également disposée à la condamner, mais faute de greffière disponible, l’audience n’a jamais pu avoir lieu.
À défaut d’aller en prison, Tzanetakos a donc pu rentrer chez elle avec son conjoint en attendant une prochaine date de cour, où elle devra recevoir sa sentence pour avoir détourné la paie de 566 employés de l’entreprise Clair de Lune.
La fraudeuse, qui a travaillé là-bas de 2008 à 2014, avait profité de son poste de comptable responsable des paies pour se remplir les poches.
« Elle changeait le numéro de compte des employés dans le système de paie et falsifiait le nombre d’heures travaillées dans les dossiers d’ex-employés, indique le résumé des faits. Avec ce stratagème, elle a détourné la paie de 566 employés. »
PERSONNEL MANQUANT
L’entreprise a depuis fait faillite, mais il est précisé dans le résumé des faits qu’il n’y a pas de lien direct avec la fraude de Tzanetakos, qui s’est fait pincer pendant ses vacances, quand une employée s’est plainte à sa remplaçante de ne pas avoir reçu sa paie.
Depuis l’automne, de nombreux acteurs du monde judiciaire déplorent le manque de personnel de soutien à la cour. En raison entre autres des salaires trop peu compétitifs, plusieurs huissiers et greffières ont quitté leur emploi, et le ministère de la Justice peine à pourvoir les postes.
Il n’est pas rare que des salles d’audience ouvrent en retard, et il arrive parfois qu’elles restent carrément fermées, causant des retards dans les dossiers qui finissent par s’accumuler.
« Sans changements majeurs permettant d’améliorer de façon importante l’attraction et la rétention [...], nous approchons dangereusement d’un point de rupture où les tribunaux n’arriveront plus à remplir leur mission », avait déclaré à l’automne le juge en chef de la Cour supérieure du Québec, Jacques Fournier.