Le Journal de Montreal

Peine reportée par manque de greffière

Une fraudeuse rentre chez elle au lieu d’aller en prison

- MICHAËL NGUYEN

Une fraudeuse qui a volé près de 750 000 $ à l’entreprise où elle travaillai­t peut remercier le manque de personnel au tribunal, qui a fait en sorte qu’elle n’a pas pu écoper de sa sentence hier.

« C’est dû au manque de greffières », a déploré le juge Jean-Jacques Gagné en annonçant le report du dossier de Georgia Tzanetakos hier au palais de justice de Montréal.

Munie d’une petite valise contenant ses effets personnels, la fraudeuse de 61 ans semblait pourtant prête à prendre le chemin des cellules. Dans une salle attenante, la juge Karine Giguère semblait également disposée à la condamner, mais faute de greffière disponible, l’audience n’a jamais pu avoir lieu.

À défaut d’aller en prison, Tzanetakos a donc pu rentrer chez elle avec son conjoint en attendant une prochaine date de cour, où elle devra recevoir sa sentence pour avoir détourné la paie de 566 employés de l’entreprise Clair de Lune.

La fraudeuse, qui a travaillé là-bas de 2008 à 2014, avait profité de son poste de comptable responsabl­e des paies pour se remplir les poches.

« Elle changeait le numéro de compte des employés dans le système de paie et falsifiait le nombre d’heures travaillée­s dans les dossiers d’ex-employés, indique le résumé des faits. Avec ce stratagème, elle a détourné la paie de 566 employés. »

PERSONNEL MANQUANT

L’entreprise a depuis fait faillite, mais il est précisé dans le résumé des faits qu’il n’y a pas de lien direct avec la fraude de Tzanetakos, qui s’est fait pincer pendant ses vacances, quand une employée s’est plainte à sa remplaçant­e de ne pas avoir reçu sa paie.

Depuis l’automne, de nombreux acteurs du monde judiciaire déplorent le manque de personnel de soutien à la cour. En raison entre autres des salaires trop peu compétitif­s, plusieurs huissiers et greffières ont quitté leur emploi, et le ministère de la Justice peine à pourvoir les postes.

Il n’est pas rare que des salles d’audience ouvrent en retard, et il arrive parfois qu’elles restent carrément fermées, causant des retards dans les dossiers qui finissent par s’accumuler.

« Sans changement­s majeurs permettant d’améliorer de façon importante l’attraction et la rétention [...], nous approchons dangereuse­ment d’un point de rupture où les tribunaux n’arriveront plus à remplir leur mission », avait déclaré à l’automne le juge en chef de la Cour supérieure du Québec, Jacques Fournier.

 ?? PHOTO AGENCE QMI, TOMA ICZKOVITS ?? Georgia Tzanetakos était accompagné­e de son avocat Richard Tawil, que l’on voit en avant-plan sur la photo, hier au palais de justice de Montréal.
PHOTO AGENCE QMI, TOMA ICZKOVITS Georgia Tzanetakos était accompagné­e de son avocat Richard Tawil, que l’on voit en avant-plan sur la photo, hier au palais de justice de Montréal.

Newspapers in French

Newspapers from Canada