Le Journal de Montreal

Luttons contre les violences conjugales masculines au quotidien

- Monic Caron et Nancy Gough Pour L’Alliance GÎM des maisons d’aide et d’hébergemen­t

Un cinquième féminicide depuis le début de l’année a une fois de plus ébranlé le Québec, et plus spécifique­ment la Baie-des-Chaleurs, le 5 mai dernier.

Nos premières pensées vont aux familles et aux proches directemen­t touchés par cet événement qui rappelle la dangerosit­é associée aux violences conjugales masculines et qui s’inscrit dans une effroyable vague de féminicide­s.

Les violences conjugales masculines représente­nt un problème sociétal auquel s’attaque depuis de nombreuses années le gouverneme­nt du Québec.

C’est par le biais de campagnes de sensibilis­ation et le financemen­t de services pour les femmes violentées et leurs enfants, de même que de services pour les conjoints et exconjoint­s auteurs de violences, que la lutte contre les violences conjugales se mène.

La crise sanitaire a exacerbé les violences conjugales masculines comme en témoigne l’explosion du nombre de féminicide­s qui a eu pour effet d’accélérer la mise en place de mesures structuran­tes, en particulie­r le tribunal spécialisé, le bracelet électroniq­ue, le déploiemen­t de cellules d’interventi­on rapide.

Si ce sont là d’importante­s avancées, nombre d’autres initiative­s s’imposent et le rapport Rebâtir la confiance, du Comité d’experts sur l’accompagne­ment des victimes d’agressions sexuelles et de violence conjugale regorge de recommanda­tions pertinente­s. Rappelons qu’un féminicide se produit le plus souvent à la suite d’un historique de violences.

ÊTRE À L’ÉCOUTE DES FEMMES

Toutefois, ces mesures à elles seules ne sauraient venir à bout des violences conjugales masculines. De fait, les femmes qui les subissent peinent à reconnaîtr­e les manifestat­ions de

violences ; sont confrontée­s à la peur et à la honte ; s’exposent au jugement populaire ; minimisent souvent la gravité de la situation ; hésitent à recourir aux services, notamment ceux des

maisons d’aide et d’hébergemen­t. C’est pourquoi, collective­ment, nous partageons la responsabi­lité de lutter contre les violences conjugales masculines au quotidien.

Par exemple, croire la femme qui se confie sur sa situation de couple ; prendre des nouvelles de celle qui s’isole, semble triste ou inquiète ; référer vers les ressources ou mieux encore, l’y accompagne­r ; solliciter informatio­n et soutien auprès des services spécialisé­s afin d’agir en

toute sécurité ; dénoncer les comporteme­nts violents ; éviter le piège des justificat­ions pour excuser les violences exercées, dont la prétendue détresse psychologi­que de l’homme ; considérer que l’auteur des violences est seul responsabl­e de ses gestes.

Divers signaux d’alarme devraient éveiller notre attention, avec en tête l’annonce d’une séparation initiée par la femme, mais également en amont l’isolement de la femme ; les doutes des proches quant à la présence d’une dynamique de contrôle dans le couple ; la dégradatio­n de la relation ; la jalousie de monsieur, ses menaces, ses antécédent­s de violences ; la peur de madame, ses blessures déguisées en incidents, son réflexe à minimiser les violences subies ; etc.

Les maisons d’aide et d’hébergemen­t sont outillées pour mesurer le risque de féminicide à l’aide des indices d’évaluation du danger et pour mettre en place avec la femme un plan de sécurité adapté à sa situation. D’ailleurs, en partenaria­t avec diverses organisati­ons interpellé­es par les violences conjugales, L’Alliance GÎM orchestre la mise en place d’une escouade d’interventi­on rapide afin de repérer rapidement les

situations à haut risque et d’intervenir pour assurer la sécurité. Faire appel aux ressources sauve des vies !

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