Le Journal de Montreal

« Intenable », prévient la Cour du Québec

- MICHAËL NGUYEN – Avec Kathryne Lamontagne

Aucune action du gouverneme­nt pour régler la crise du manque de personnel à la cour n’a fonctionné, affirme la juge en chef de la Cour du Québec en prévenant que la situation actuelle est « intenable ».

« Nous savons qu’à ce jour, aucune initiative n’a permis de contrer le nombre important de départs d’adjoints et de pallier les problémati­ques de recrutemen­t », lit-on dans une lettre de la juge en chef Lucie Rondeau datant de la fin de mars et obtenue par notre Bureau d’enquête.

Tout comme son homologue de la Cour supérieure du Québec, elle affirme qu’une des solutions est d’offrir aux employés une « rémunérati­on adéquate » qui correspond aux « nombreuses responsabi­lités qu’ils assument ».

Or, même si les tribunaux ont été assurés que leurs observatio­ns avaient été présentées au Conseil du trésor, rien n’a été fait.

« Les juges en chef ont appris que les nouvelles conditions salariales des adjoints à la magistratu­re seraient connues ultérieure­ment, dans le cadre de la signature de la prochaine convention collective du Syndicat de la fonction publique », explique-t-elle en affirmant qu’il s’agissait là d’une déception, compte tenu de l’urgence de la situation.

LES CONSTABLES SPÉCIAUX AUSSI

Si la pénurie de main-d’oeuvre dans les tribunaux met en péril le système de justice, il en va de même pour la sécurité dans les palais avec un manque criant de constables spéciaux. Il s’agit d’agents armés qui assurent la sécurité dans les palais après une formation à l’École nationale de police du Québec.

« Chaque semaine, le syndicat apprend le départ de membres », déplore le président de leur entité syndicale, Franck Perales.

La situation est si grave que dans certains palais de justice en région, il n’y en a parfois même plus, si bien que le personnel de la cour se retrouve sans protection malgré la présence de criminels.

En leur absence, il est même déjà arrivé qu’un juge ait demandé à un accusé de se rendre par lui-même en prison, après avoir écopé d’une peine.

Et tout comme pour le personnel de soutien de la magistratu­re, l’enjeu est surtout monétaire, puisque le ministère de la Sécurité publique les rémunère bien en deçà de ce qu’offrent les corps policiers.

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