Un ministre français accusé de viols
Le nouveau gouvernement plongé dans l’embarras
PARIS | (AFP) Tout juste formé et déjà sous pression : le gouvernement français s’en est remis à la justice, hier, pour « trancher » le cas d’un ministre accusé de viols, une affaire embarrassante pour le président Emmanuel Macron, qui a promis la « tolérance zéro » en matière de violences faites aux femmes.
Le ministre Damien Abad, chargé des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées, est accusé par deux femmes de viols en 2010 et en 2011, des allégations qu’il récuse.
« Je n’ai jamais violé une seule femme de ma vie », a-t-il déclaré hier soir à la presse, disant « contester ces accusations d’agressions sexuelles avec une grande fermeté. »
Le ministre, lui-même handicapé, a encore écarté toute idée de démission. « Un homme innocent doit-il démissionner ? Je crois pas. »
M. Abad est un transfuge de l’opposition de droite. Il était, jusqu’à la semaine dernière, le responsable des députés du parti Les Républicains à l’Assemblée nationale, avant de démissionner et de faire son entrée au gouvernement.
Deux plaintes pour viol ont déjà été classées, mais la justice dit analyser un nouveau signalement.
TOLÉRANCE ZÉRO
Interrogée à l’issue d’une réunion du gouvernement hier matin, la nouvelle porte-parole, Olivia Grégoire, a fait valoir la politique de « tolérance zéro pour les délinquants sexuels » du président Macron, mais laissé à la justice le soin de trancher cette affaire, malgré des appels à la démission venant de l’opposition de gauche.
Le gouvernement est « aux côtés de celles qui, suite à une agression ou un harcèlement, ont l’immense courage de parler », a-t-elle indiqué. Mais la ligne du président est qu’il revient à la justice d’établir la « vérité » et « la justice est la seule à devoir et à pouvoir trancher », a ajouté la porte-parole.
Cette affaire éclabousse un exécutif nommé vendredi et qui doit se mettre en ordre de marche en vue des élections législatives des 12 et 19 juin.
La nouvelle première ministre Élisabeth Borne, qui s’est entretenue avec M. Abad dimanche soir, selon la porte-parole, a déclaré qu’elle n’a appris ces allégations que samedi dans un article du média en ligne Mediapart, qui a révélé l’affaire.