Le Journal de Montreal

En santé, la communicat­ion est primordial­e

- JOSÉE LEGAULT Journal Blogueuse au Politologu­e, auteure, chroniqueu­se politique c josee.legault@quebecorme­dia.com L @joseelegau­lt

D’ici peu, le projet de loi 96 visant à « moderniser » la loi 101 sera adopté. Sans surprise, dès qu’il est question d’agir sur le front linguistiq­ue, même trop peu, la controvers­e s’emballe. Cette foisci ne fait pas exception.

Des avocats anglophone­s promettent des poursuites en cour. Des milliers de Québécois, anglophone­s et allophones, ont manifesté contre le PDL 96, qu’ils jugent draconien. Quelques centaines de francophon­es l’ont fait, mais pour dire au gouverneme­nt Legault qu’il ne va pas assez loin.

Parce que le gouverneme­nt caquiste recouvre le PDL 96 de la clause dérogatoir­e pour tenter de prévenir les contestati­ons juridiques, le Quebec Community Groups Network l’accuse aussi de s’en prendre aux droits de tous les Québécois.

Parmi les craintes soulevées est celle de ne plus pouvoir être soigné ou recevoir des services sociaux dans une langue « autre que le français ». Or, au Québec, le droit d’être soigné en anglais est bétonné.

L’art. 15 de la Loi sur la santé et les services sociaux le reconnaît explicitem­ent : « Toute personne d’expression anglaise a le droit de recevoir en langue anglaise des services de santé et des services sociaux ». Le PDL 96 ne le modifie en rien.

ACCOMMODEM­ENTS LINGUISTIQ­UES

François Legault l’a dit, mais tardivemen­t. Pendant ce temps, la peur de ne plus être soigné en anglais s’est installée dans le milieu de la santé. Or, dans le réseau de santé et de services sociaux, les gens s’accommoden­t déjà fort bien entre eux. Et ça fonctionne. Pas toujours, mais souvent.

La réalité est qu’au Québec, les institutio­ns publiques de santé, qu’elles soient dites francophon­es ou anglophone­s, doivent servir tous ceux qui frappent à leur porte, nonobstant leur langue ou leurs origines.

Comme spécialist­e de longue date de la question linguistiq­ue, je le sais. Comme ex-patiente et ex-bénévole en oncologie et aux soins palliatifs à l’hôpital anglophone Royal Victoria, je le sais aussi d’expérience personnell­e.

J’y ai vu les bienfaits sur le bien-être des patients des accommodem­ents linguistiq­ues qui, quotidienn­ement, se font naturellem­ent. Une fois bénévole, je l’ai fait à mon tour.

J’y ai parlé en français ou en anglais avec les patients, selon leurs besoins. Pour les autres langues, on se débrouilla­it aussi quand les ressources le permettaie­nt.

J’avais beau être une journalist­e connue entre autres pour ma défense acharnée de la langue française – j’écrivais en plus à l’époque pour The Gazette (!) –, j’ai vite compris qu’une salle d’attente ou une chambre d’hôpital ne doit jamais être un lieu de confrontat­ion politique.

COMMUNICAT­ION PRIMORDIAL­E

Récemment, ma soeur a été hospitalis­ée dans un hôpital francophon­e. J’y ai vu le même empresseme­nt aux mêmes accommodem­ents linguistiq­ues. En santé, la communicat­ion est primordial­e.

Ce qui, disons-le, se passe mille fois mieux ici qu’au Canada anglais. Là où se faire soigner en français est une mission très souvent impossible.

Cela dit, il est vrai que l’État québécois a abandonné depuis longtemps son propre devoir d’exemplarit­é en matière d’usage du français avec les citoyens. Le projet de loi 96 tente de corriger le tir.

Il est cependant aussi vrai que ça ne saurait s’appliquer à la relation soignant-soigné. Heureuseme­nt, l’article 15 de la loi sur la santé assure que ça ne se produise pas.

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De confrontat­ion politique. Une salle d’attente ou une chambre d’hôpital ne doit jamais être un lieu

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