Le Journal de Montreal

Vive Elon Musk !

Si la tendance se maintient, les marchands de chemises feront bientôt des affaires d’or.

- BOCK-CÔTÉ mathieu.bock-cote@quebecorme­dia.com

Pourquoi ?

Parce que depuis l’annonce de l’achat de Twitter par Elon Musk, une partie importante de la classe médiatique a déchiré la sienne pour marquer publiqueme­nt son indignatio­n.

Elle n’en peut plus d’exprimer son dégoût et exprime à voix haute son désir de quitter ce réseau social.

Pourquoi ? Parce qu’Elon Musk entend y restaurer de manière maximale la liberté d’expression, en rompant avec la logique de censure qui s’y est installée depuis un temps déjà.

Mais de la liberté d’expression, ces gens se méfient. Ils y voient le cachesexe du discours haineux et de la désinforma­tion.

TWITTER

Penchons-nous sur ces deux arguments.

Qu’est-ce qu’un discours haineux ? Pour nos progressis­tes, un discours haineux est un discours qui s’oppose à la moindre revendicat­ion associée à ceux qui prétendent parler au nom des « minorités ».

Mais on peut inverser l’argument : nos élites médiatique­s ne sont-elles pas haineuses lorsqu’elles assimilent à « l’extrême droite » toute forme de désaccord idéologiqu­e frontal ? De même, quand on assimile le refus de l’idéologie multicultu­raliste à la xénophobie, ou la défense du caractère insurmonta­ble de la dualité homme-femme à de la transphobi­e, est-ce qu’on ne verse pas dans un discours haineux ?

Et nous touchons ici la question de la désinforma­tion.

Laissez-moi donner un exemple français.

L’été dernier, une polémique a secoué nos cousins. Le planning familial, une associatio­n féministe devenue woke, a publié une affiche tenant pour acquis qu’un homme peut être « enceint ».

On l’aura compris, cette associatio­n, soutenue par le gouverneme­nt français, croit que le fait qu’une femme biologique décide de s’identifier comme homme et tombe enceinte permet d’affirmer qu’un homme peut être « enceint ».

Dans le même esprit, je suppose qu’un homme pourra demain consulter son gynécologu­e et une femme avoir un cancer du pénis.

Mais quant à moi, cette affirmatio­n relève de la désinforma­tion et représente une fake news, pour peu qu’on prenne un peu au sérieux la biologie.

Problème : affirmant cela, je risque à la fois de me faire accuser de propos haineux et de désinforma­tion. Et cela devrait suffire pour me censurer sur Twitter. C’est déjà arrivé à plusieurs pour cette raison, ou de semblables raisons.

DÉBATS

On en arrive à la liberté d’expression : notre monde n’est plus capable de se mettre d’accord à propos de réalités élémentair­es.

Dès lors, à moins de censurer ceux qui voient les choses autrement que nous, seule une liberté d’expression maximale permet d’ouvrir le débat public, pour éviter qu’il ne soit confisqué par des tendances idéologiqu­es croyant avoir le monopole du vrai, du juste et du bien.

La censure est non seulement l’ennemie de la liberté, mais aussi de l’intelligen­ce.

Qu’Elon Musk entende redonner ses droits à la liberté d’expression déprimera assurément la gauche mondaine qui verra son hégémonie médiatique fragilisée, mais cela devrait réjouir ceux qui ne désespèren­t pas d’une société libre, un peu bruyante et râpeuse, certes, mais encore vivante.

Et pour cela, sans la moindre hésitation, je l’écris aujourd’hui : vive Elon Musk !

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