Les Farfadaas plaident l’ignorance
Leur leader Steeve Charland s’est posé en victime du « convoi de la liberté » hier devant la Commission d’enquête
OTTAWA | Le chef du groupe d’agitateurs québécois les Farfadaas se déleste de toute responsabilité sur les agissements des partisans de son groupe que la police d’Ottawa considérait comme un « risque majeur » du « convoi de la liberté ».
« Le mouvement des Farfadaas est grand, on n’a pas le contrôle sur tous les gens qui s’identifient au mouvement Farfadaas », a dit Steeve Charland devant la Commission d’enquête sur les mesures d’urgence, hier.
« Il n’y avait pas vraiment d’organisation commune », a-t-il ajouté.
Comme lui, Chris Barber, un organisateur du convoi venu de Saskatchewan, a déclaré que l’ampleur du mouvement l’avait dépassé.
« Se stationner partout en ville ne faisait pas partie des raisons pour lesquelles nous nous sommes déplacés », a dit M.Barber, indiquant que le plan initial était de manifester dans deux parcs du centre-ville.
DISTRIBUTION DE FONDS
Par ailleurs, Steeve Charland a expliqué avoir récolté des fonds pour les distribuer à 42 camionneurs du Québec quand les organisateurs du convoi de l’ouest tentaient de les convaincre de lever le camp.
« Les sites de financement du convoi de l’ouest étaient gelés, alors on a ramassé l’argent pour » le redistribuer aux manifestants, a-t-il soutenu, racontant qu’une partie des fonds ont transigé dans son compte bancaire avant que sa banque n’en restreigne l’usage.
Différents rapports policiers et témoignages ont indiqué depuis le début des audiences que les Farfadaas posaient problème, car ils bloquaient l’intersection stratégique des rues Rideau et Sussex, devant le Château Laurier, et refusaient de négocier.
Mais M. Charland a déclaré qu’il n’avait jamais stationné à cet endroit, expliquant qu’il se concentrait sur son campement du Vieux-Hull, à Gatineau, où les Farfadaas opéraient une cuisine populaire.
Depuis le début des audiences, ce groupuscule a été pointé du doigt dans différents témoignages comme un groupe problématique et dangereux que les policiers d’Ottawa craignaient et associaient aux motards criminalisés.
Mais, bien qu’il soit dirigé par un ex-membre du groupe identitaire d’extrême droite La Meute, les Farfadaas sont considérés comme « une bande de clowns » par les services policiers québécois, indique André Gélinas, sergent-détective retraité du Service de police de la Ville de Montréal.
MAINTIEN DE LA PAIX
MM. Barber et Charland ont aussi plaidé ne pas avoir été témoins de quelconque violence à part celle des policiers contre les manifestants.
Jouant la carte du manifestant repenti, tant, Chris Barber a déclaré avoir travaillé à maintenir la paix, notamment en tentant de tenir à l’écart Pat King, un suprémaciste blanc notoire.
Ce dernier a passé cinq mois en prison depuis la levée du siège de la capitale fédérale pour son rôle dans manifestation.
L’Ontarien a de fait eu des discussions avec les Farfadaas pour obtenir « logement et sécurité » à son arrivée à Ottawa, a indiqué M.Charland, sans dire clairement si son groupe avait ou non accueilli Pat King.
Plus encore, durant son témoignage, Chris Barber a affirmé qu’il existait des luttes de pouvoir entre ceux qui manifestaient contre les obligations vaccinales et sanitaires, et ceux qui souhaitent renverser le gouvernement, comme M. King.