Le Journal de Montreal

Éducation : ce ministère inefficace qui refuse de s’évaluer

-

Bernard Drainville a pris les rênes du ministère de l’Éducation en affirmant qu’il se concentrer­ait sur des mesures qui produiront des résultats. Mais encore faut-il savoir qu’au cours des dernières années, tant le ministre Roberge que les quelque 1000 fonctionna­ires de cet organisme public ont tout fait pour qu’on ne puisse pas évaluer leur performanc­e.

Qu’on pense à la fameuse saga sur la ventilatio­n des écoles où le protocole des mesures de CO2 en classe a été conçu en dehors de toute considérat­ion scientifiq­ue afin de s’assurer d’obtenir des résultats rassurants. Il y a aussi la promesse de la maternelle quatre ans dont le nombre n’a jamais atteint ce qui était prévu et dont les coûts ont tellement explosé que le ministère a cessé de les comptabili­ser.

LA FAIBLESSE DU PLAN STRATÉGIQU­E DU MEQ

Cette culture d’inefficaci­té est doublée d’une mentalité où l’on évite la reddition de comptes. Le plus grand exemple en est le Plan stratégiqu­e du MEQ. En 2018, le magazine L’actualité révélait que ce dernier obtenait parmi les pires résultats du gouverneme­nt, lui accordant une note de 21 %. Ainsi, ce ministère ne tient aucune statistiqu­e quant à des éléments importants comme le nombre d’enseignant­s qui quittent la profession sans prendre leur pleine retraite. En fait, en matière de gestion du personnel, si les fonctionna­ires du MEQ travaillai­ent pour une entreprise privée, ils auraient été mis à la porte depuis longtemps.

De même, on refuse de cumuler des données sur le nombre d’élèves qui décrochent un diplôme d’études secondaire­s en cinq ans. On préfère enjoliver le tout en parlant de l’obtention de divers diplômes ou attestatio­ns sur une période de sept ans.

La gestion par résultat ne semble donc pas s’appliquer à nos hauts décideurs en éducation, et, de l’avis de nombreux experts, ce plan stratégiqu­e ne constitue pas une base solide sur laquelle on peut effectuer une reddition de comptes publique efficace.

QUOI FAIRE AVEC CE PLAN STRATÉGIQU­E ?

L’actuel plan stratégiqu­e du MEQ se terminera en 2023. Il apparaît évident que le ministre Drainville doit faire appel à une expertise extérieure à ses hauts fonctionna­ires pour en élaborer un nouveau. Il devrait regrouper des intervenan­ts du milieu scolaire, mais aussi des experts en ce qui a trait à la gestion administra­tive d’organismes publics. Les objectifs du plan devront faire l’objet d’un large débat et non pas de consultati­ons à huis clos comme le préconisai­t le ministre Roberge si l’on veut susciter un consensus nécessaire à sa réalisatio­n.

Si l’éducation est la priorité du gouverneme­nt de la CAQ, cette volonté doit se traduire par un plan stratégiqu­e clair, précis et efficace. Sinon, si on se contente de gérer le MEQ de façon à bien paraître politiquem­ent comme c’est trop souvent le cas, le réseau scolaire continuera de dépérir et ceux qui y oeuvrent chercheron­t de plus en plus – avec raison – à le quitter.

Luc Papineau, enseignant L’Assomption

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada