Le Journal de Montreal

« Le problème doit être traité à la source »

L’une des ex-nageuses ayant intenté un recours collectif souhaite du changement

- RICHARD BOUTIN

Parmi les cinq anciennes nageuses de l’équipe nationale qui ont intenté un recours collectif à l’endroit de Natation Artistique Canada (NAC) en mars 2021 dernier et qui réclament 250 000 $ en dommages punitifs, Gabrielle Boisvert voit d’un bon oeil la mise sur pied d’un comité parlementa­ire qui étudiera la santé physique et mentale des athlètes féminines.

Boisvert estime que le comité qui a été lancé, mardi, doit s’attaquer aux solutions pour que les abus dénoncés depuis plusieurs mois ne se reproduise­nt plus.

« Le comité peut aider à assurer une plus grande supervisio­n des fédération­s et offrir une tribune aux athlètes pour parler avant que les événements ne dégénèrent, a souligné celle qui a porté les couleurs de l’équipe nationale de 2015 à 2018. Le problème doit être traité à la source et non loin quand il a pris de l’ampleur. »

Après la vague de dénonciati­ons qui ne cesse de prendre de l’ampleur, Boisvert estime qu’il est temps de passer à la seconde étape.

« Après la première étape, qui était de dénoncer les abus de toutes sortes, la prochaine étape est d’identifier les solutions pour éviter que de pareilles situations se reproduise­nt, a-t-elle expliqué. C’est le travail du comité parlementa­ire. Les membres auront du fil à retordre, mais plusieurs choses positives en ressortiro­nt s’ils font un bon travail. »

« C’ÉTAIT UN SUJET TABOU ET ON N’EN [LES ABUS] PARLAIT PAS ENTRE LES ATHLÈTES PARCE QU’ON PENSAIT QUE C’ÉTAIT NORMAL COMME SITUATION »

– Gabrielle Boisvert, ex-nageuse

SUJET TABOU

Les abus dans le sport ont toujours représenté un sujet qu’on préférait ignorer, selon Boisvert.

« C’était un sujet tabou et on n’en parlait pas entre les athlètes parce qu’on pensait que c’était normal comme situation, a-t-elle souligné. On réalise maintenant qu’on doit en parler et que la culture du sport était basée sur les mauvaises valeurs. C’est la peur qui devait mener à la médaille et non la compétitio­n et l’épanouisse­ment de l’athlète. »

Avec le recul, Boisvert estime que les dénonciati­ons des cinq anciennes nageuses artistique­s de l’équipe nationale ont permis d’amorcer un mouvement qui n’est pas terminé, selon elle.

« Depuis la vague amorcée par la natation artistique, plus d’athlètes parlent et se font entendre, ce qui va amener plus de changement­s. Depuis notre sortie, plusieurs athlètes ont communiqué avec moi pour connaître les façons de faire quand ils étaient victimes d’abus. Je les ai redirigés vers les ressources compétente­s. »

« On a ouvert de belles portes pour faire avancer les choses, mais ce n’est pas terminé, ajoute Boisvert, qui est toujours impliquée dans son sport comme entraîneus­e. C’est malheureux de penser comme ça, mais je ne pense pas que c’est fini. Il y a eu beaucoup de laisser-aller dans plusieurs sports au fil des ans. Il n’y a pas eu de changement à la réglementa­tion depuis longtemps. »

UN IMPACT IMPORTANT

Victime d’une commotion cérébrale qui a été mal soignée et qui l’a menée à la retraite, Boisvert ne croyait pas que la demande de recours collectif allait avoir un si gros impact.

« On savait que la natation artistique n’était pas le seul sport aux prises avec des problèmes, mais je ne pensais pas qu’il y en aurait autant. On n’avait aucune idée de l’impact que notre décision de sortir sur la place publique aurait, mais on n’aurait pas pu demander mieux. C’est plate de devoir dire ce qui se passe, mais ça prend ça pour qu’il y ait des changement­s. »

Boisvert ne regrette pas de s’être ouverte sur la place publique. « Cette sortie m’a permis de passer à une autre étape dans ma vie, a mentionné la kinésiolog­ue, mais elle a aussi mené à toutes les autres dénonciati­ons. On ne peut pas regretter. C’est long, notre dossier. Et on attend des nouvelles de la cour. »

 ?? PHOTO D’ARCHIVES, STEVENS LEBANC ?? L’ancienne nageus e Gabrielle Boisvert et quatre autres ex-membres de l’équipe nationale ont intenté un recours collectif à l’endroit de Natation Artistique Canada pour des abus psychologi­ques et un climat toxique. L’ex-athlète est photograph­iée le 9 mars 2021, jour du dépôt de l’action collective.
PHOTO D’ARCHIVES, STEVENS LEBANC L’ancienne nageus e Gabrielle Boisvert et quatre autres ex-membres de l’équipe nationale ont intenté un recours collectif à l’endroit de Natation Artistique Canada pour des abus psychologi­ques et un climat toxique. L’ex-athlète est photograph­iée le 9 mars 2021, jour du dépôt de l’action collective.

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