Fitzgibbon absent
Le « qsiste » Haroun Bouazzi a eu une mauvaise journée hier en raison des révélations de notre Bureau d’enquête sur son investiture controversée dans Maurice-Richard.
Mais c’est lui qui a eu la meilleure formule pour qualifier l’absence de Pierre Fitzgibbon à l’interpellation à l’Assemblée nationale : « C’est un peu une poutine sans fromage… ce n’est pas vraiment une poutine. »
Le superministre caquiste était convoqué en sa qualité de ministre de l’Économie et de l’Énergie. Le libéral Gregory Kelley, l’initiateur de l’interpellation, lui avait donné un titre accusateur : « Le manque de vision du gouvernement caquiste en matière d’énergie. »
COMME LEGAULT
L’interpellation est cet exercice parlementaire où un député interroge « un ministre sur une question de sa compétence ». Une longue période de questions de deux heures, centrée sur un sujet chaud.
François Legault, lorsqu’il était ministre péquiste, avait admis détester être contraint de rester à Québec les vendredis pour subir un barrage de questions des oppositions. A-t-il déteint sur M. Fitzgibbon sur cet aspect ?
L’absence de ce dernier hier au parlement a forcé Christopher Skeete à tenir le fort. Ce ministre responsable de Laval est par surcroît l’élu de SainteRose, là où a eu lieu le terrible drame que l’on sait cette semaine. Encore visiblement ébranlé par les événements, Skeete a admis hier qu’il aurait préféré être auprès de ses commettants. Mais « l’État doit continuer », a-t-il fait valoir, un brin dépité…
CONTRADICTIONS
Ministre délégué à l’Économie, M. Skeete a fait son possible, reprenant plutôt efficacement les « lignes » qu’on lui avait préparées. Les réponses du superministre auraient tout de même été plus engageantes. Car les oppositions, Kelley en tête, ont réussi à mettre en relief plusieurs contradictions gouvernementales déroutantes.
√ Hydrogène : la semaine dernière, fit valoir Kelley, M. Fitzgibbon a affirmé qu’il n’accepterait pas les projets de production d’hydrogène vert (demandes représentant 9000 MW). Le vendredi, il annonçait tout de même, en compagnie du premier ministre et des représentants d’Alstom, un projet pilote de train à hydrogène !
√ Sobriété : à la fin de 2022, M. Fitzgibbon a évoqué la nécessité de l’efficacité énergétique. Mais le premier ministre précisait quelques jours plus tard que lorsqu’il fait froid, « il faut se chauffer ». Le projet de loi évoqué par « Fitz » pour favoriser la sobriété était aussi relégué aux oubliettes. Mais comment « produire » l’électricité la moins chère, les « négaWatts » ? Le gouvernement ne semble pas avoir d’idée claire.
√ Oui, on aura besoin de plus 100 TW d’électricité pour accomplir la transition énergétique. Mais où les trouver ?
Construire des barrages, comme l’a martelé François Legault durant la campagne ? Peut-être, a répondu le libéral, mais où ?
Au moins, le ministre Skeete a confirmé qu’il y aurait un « débat national » sur l’énergie. Autre consolation : on a appris en après-midi hier que le superministre était allé rencontrer des chefs innus pour discuter d’un projet de traité qui marquera « le début d’une nouvelle ère de développement ». La production électrique future ne pourra se faire sans les Premières Nations. M. Fitzgibbon y travaillait donc.
Mais hier à Québec, il manquait le fromage.