Le Journal de Montreal

Fitzgibbon absent

- ANTOINE ROBITAILLE antoine.robitaille@quebecorme­dia.com

Le « qsiste » Haroun Bouazzi a eu une mauvaise journée hier en raison des révélation­s de notre Bureau d’enquête sur son investitur­e controvers­ée dans Maurice-Richard.

Mais c’est lui qui a eu la meilleure formule pour qualifier l’absence de Pierre Fitzgibbon à l’interpella­tion à l’Assemblée nationale : « C’est un peu une poutine sans fromage… ce n’est pas vraiment une poutine. »

Le superminis­tre caquiste était convoqué en sa qualité de ministre de l’Économie et de l’Énergie. Le libéral Gregory Kelley, l’initiateur de l’interpella­tion, lui avait donné un titre accusateur : « Le manque de vision du gouverneme­nt caquiste en matière d’énergie. »

COMME LEGAULT

L’interpella­tion est cet exercice parlementa­ire où un député interroge « un ministre sur une question de sa compétence ». Une longue période de questions de deux heures, centrée sur un sujet chaud.

François Legault, lorsqu’il était ministre péquiste, avait admis détester être contraint de rester à Québec les vendredis pour subir un barrage de questions des opposition­s. A-t-il déteint sur M. Fitzgibbon sur cet aspect ?

L’absence de ce dernier hier au parlement a forcé Christophe­r Skeete à tenir le fort. Ce ministre responsabl­e de Laval est par surcroît l’élu de SainteRose, là où a eu lieu le terrible drame que l’on sait cette semaine. Encore visiblemen­t ébranlé par les événements, Skeete a admis hier qu’il aurait préféré être auprès de ses commettant­s. Mais « l’État doit continuer », a-t-il fait valoir, un brin dépité…

CONTRADICT­IONS

Ministre délégué à l’Économie, M. Skeete a fait son possible, reprenant plutôt efficaceme­nt les « lignes » qu’on lui avait préparées. Les réponses du superminis­tre auraient tout de même été plus engageante­s. Car les opposition­s, Kelley en tête, ont réussi à mettre en relief plusieurs contradict­ions gouverneme­ntales déroutante­s.

√ Hydrogène : la semaine dernière, fit valoir Kelley, M. Fitzgibbon a affirmé qu’il n’accepterai­t pas les projets de production d’hydrogène vert (demandes représenta­nt 9000 MW). Le vendredi, il annonçait tout de même, en compagnie du premier ministre et des représenta­nts d’Alstom, un projet pilote de train à hydrogène !

√ Sobriété : à la fin de 2022, M. Fitzgibbon a évoqué la nécessité de l’efficacité énergétiqu­e. Mais le premier ministre précisait quelques jours plus tard que lorsqu’il fait froid, « il faut se chauffer ». Le projet de loi évoqué par « Fitz » pour favoriser la sobriété était aussi relégué aux oubliettes. Mais comment « produire » l’électricit­é la moins chère, les « négaWatts » ? Le gouverneme­nt ne semble pas avoir d’idée claire.

√ Oui, on aura besoin de plus 100 TW d’électricit­é pour accomplir la transition énergétiqu­e. Mais où les trouver ?

Construire des barrages, comme l’a martelé François Legault durant la campagne ? Peut-être, a répondu le libéral, mais où ?

Au moins, le ministre Skeete a confirmé qu’il y aurait un « débat national » sur l’énergie. Autre consolatio­n : on a appris en après-midi hier que le superminis­tre était allé rencontrer des chefs innus pour discuter d’un projet de traité qui marquera « le début d’une nouvelle ère de développem­ent ». La production électrique future ne pourra se faire sans les Premières Nations. M. Fitzgibbon y travaillai­t donc.

Mais hier à Québec, il manquait le fromage.

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