Le Journal de Montreal

RRQ : une réforme nécessaire

- MARIO DUMONT mario.dumont@quebecorme­dia.com OPINIONS

L’Assemblée nationale a amorcé cette semaine les consultati­ons sur l’avenir du Régime de rentes du Québec. D’entrée de jeu, le Parti Québécois et Québec solidaire ont annoncé leur opposition totale à l’idée de repousser l’âge de la retraite.

Avant même d’avoir entendu les intervenan­ts et les experts, ces partis ont tranché la question. Les explicatio­ns appuyant leur prise de position n’ont pas tellement répondu à toutes les données chiffrées qui alimentent le débat. Comprenons qu’ils ont été surtout guidés par leurs instincts politiques.

DANGER POLITIQUE

Je les comprends : le sujet est un véritable brasier politique. En France, des grèves générales s’organisent pour s’opposer à la réforme des retraites. Dans le passé, des politicien­s français ont choisi de reculer devant la colère de la rue.

Au Canada, Stephen Harper avait annoncé un plan progressif pour repousser à 67 ans l’âge d’accès à la pension. Les experts et actuaires y voyaient un geste logique et responsabl­e à long terme. Mais quel geste impopulair­e !

Voyant les votes disponible­s, Justin Trudeau s’est empressé de s’engager à annuler ces changement­s. Il a été élu et a respecté cet engagement. Des experts vous diraient que cette réforme est toujours pertinente. Mais qui osera toucher à cela maintenant ?

Revenons à la consultati­on sur l’avenir du RRQ. Présenteme­nt, une personne peut recevoir sa pleine rente de la Régie des rentes du Québec à 65 ans. Cependant, on peut y avoir accès dès 60 ans en acceptant une réduction de la rente de 0,6 % par mois. Par exemple, si vous décidez de toucher la rente dès 60 ans, vous gagnez cinq années de rente, mais vous ne recevrez que 64 % du montant prévu.

Le gouverneme­nt suggère de repousser cette date de deux ans. L’accès à une rente de retraite ne serait possible qu’à 62 ans. Pas par mépris pour les gens qui arrivent à l’âge de la retraite. Parce que le monde a changé.

DES FAITS ÉVIDENTS

Le RRQ a été créé à une époque où l’espérance de vie au pays était de 71 ans. En 1984, lors de la dernière réforme, ce chiffre avait grimpé à 76 ans. Aujourd’hui, l’espérance de vie atteint les 83 ans. Vous imaginez le coût de ces années de prestation­s supplément­aires.

Ajoutons trois autres données incontourn­ables.

■ Nous connaisson­s des pénuries de main-d’oeuvre qui vont perdurer. Nos règles fiscales doivent encourager les gens à travailler plus longtemps.

■ Les Québécois prennent leur retraite plus tôt que partout ailleurs en Amérique du Nord.

■ Beaucoup de gens n’ont pas suffisamme­nt économisé pour bâtir un revenu de retraite adéquat.

La propositio­n du gouverneme­nt n’est pas parfaite. J’ai une pensée particuliè­re pour les gens qui font des métiers durs physiqueme­nt. À 60 ans, une certaine usure se fait sentir.

La discussion est néanmoins incontourn­able. Nous vivons plus vieux et plus en santé, tant mieux. Il faut maintenant y adapter nos régimes publics.

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L’espérance de vie augmente, donc le coût des rentes à vie aussi

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