RRQ : une réforme nécessaire
L’Assemblée nationale a amorcé cette semaine les consultations sur l’avenir du Régime de rentes du Québec. D’entrée de jeu, le Parti Québécois et Québec solidaire ont annoncé leur opposition totale à l’idée de repousser l’âge de la retraite.
Avant même d’avoir entendu les intervenants et les experts, ces partis ont tranché la question. Les explications appuyant leur prise de position n’ont pas tellement répondu à toutes les données chiffrées qui alimentent le débat. Comprenons qu’ils ont été surtout guidés par leurs instincts politiques.
DANGER POLITIQUE
Je les comprends : le sujet est un véritable brasier politique. En France, des grèves générales s’organisent pour s’opposer à la réforme des retraites. Dans le passé, des politiciens français ont choisi de reculer devant la colère de la rue.
Au Canada, Stephen Harper avait annoncé un plan progressif pour repousser à 67 ans l’âge d’accès à la pension. Les experts et actuaires y voyaient un geste logique et responsable à long terme. Mais quel geste impopulaire !
Voyant les votes disponibles, Justin Trudeau s’est empressé de s’engager à annuler ces changements. Il a été élu et a respecté cet engagement. Des experts vous diraient que cette réforme est toujours pertinente. Mais qui osera toucher à cela maintenant ?
Revenons à la consultation sur l’avenir du RRQ. Présentement, une personne peut recevoir sa pleine rente de la Régie des rentes du Québec à 65 ans. Cependant, on peut y avoir accès dès 60 ans en acceptant une réduction de la rente de 0,6 % par mois. Par exemple, si vous décidez de toucher la rente dès 60 ans, vous gagnez cinq années de rente, mais vous ne recevrez que 64 % du montant prévu.
Le gouvernement suggère de repousser cette date de deux ans. L’accès à une rente de retraite ne serait possible qu’à 62 ans. Pas par mépris pour les gens qui arrivent à l’âge de la retraite. Parce que le monde a changé.
DES FAITS ÉVIDENTS
Le RRQ a été créé à une époque où l’espérance de vie au pays était de 71 ans. En 1984, lors de la dernière réforme, ce chiffre avait grimpé à 76 ans. Aujourd’hui, l’espérance de vie atteint les 83 ans. Vous imaginez le coût de ces années de prestations supplémentaires.
Ajoutons trois autres données incontournables.
■ Nous connaissons des pénuries de main-d’oeuvre qui vont perdurer. Nos règles fiscales doivent encourager les gens à travailler plus longtemps.
■ Les Québécois prennent leur retraite plus tôt que partout ailleurs en Amérique du Nord.
■ Beaucoup de gens n’ont pas suffisamment économisé pour bâtir un revenu de retraite adéquat.
La proposition du gouvernement n’est pas parfaite. J’ai une pensée particulière pour les gens qui font des métiers durs physiquement. À 60 ans, une certaine usure se fait sentir.
La discussion est néanmoins incontournable. Nous vivons plus vieux et plus en santé, tant mieux. Il faut maintenant y adapter nos régimes publics.