Le Journal de Montreal

Trudeau connaît son Québec

- DENISE BOMBARDIER denise.bombardier@quebecorme­dia.com

Lorsque Justin Trudeau est face à François Legault, il n’a aucun complexe. Le premier ministre fédéral dirige un gouverneme­nt minoritair­e, mais il n’est aucunement impression­né par la spectacula­ire victoire de la CAQ en octobre dernier qui a accordé la majorité absolue au gouverneme­nt Legault.

Son refus de céder aux demandes des provinces en matière de transferts en santé en leur proposant un montant six fois inférieur à ce qu’elles exigeaient démontre que le rapport de force est en faveur de Justin Trudeau.

Pas étonnant lorsqu’on regarde les résultats des dernières élections fédérales au Québec. Le PLC a élu 35 députés, le Bloc Québécois 32, le PCC 10 et le NPD 1.

L’on en comprend que le vote du PLC ne s’est pas limité aux comtés anglophone­s et allophones de l’ouest de Montréal. Le PLC a remporté des sièges à travers tout le Québec francophon­e.

STRATÉGIE ET VOTES

Bien sûr, le Bloc Québécois a fait élire 32 députés, mais il faudrait que nombre de Québécois francophon­es, électeurs nationalis­tes de la CAQ et qui ont voté pour le PLC aux dernières élections fédérales, changent leur fusil d’épaule lors de la prochaine élection canadienne et votent BQ. Cela pour protester contre la politique centralisa­trice d’Ottawa.

La Coalition Avenir Québec porte bien son nom. Ceux qui croyaient que la présence de nombreux ex-péquistes au sein du parti servirait de bouclier devant les politiques des libéraux de Justin Trudeau sont maintenant plus que déçus.

La brutalité avec laquelle Justin Trudeau traite le Québec en s’apprêtant à confirmer Amira Elghawaby dans son poste de responsabl­e de la lutte contre l’islamophob­ie dont elle accable le Québec malgré ses excuses de surface en est la preuve.

En présence de François Legault, Justin Trudeau retrouve l’arrogance dont son père usait avec ses adversaire­s.

Il prend la pose d’un boxeur prêt à mettre son adversaire K.-O.

François Legault, l’ex-péquiste, une tare aux yeux de Justin Trudeau, n’est pas un adepte du pugilat. Les coups de poing sur la gueule ne sont pas sa manière de déstabilis­er un adversaire.

PARADOXE

Ce n’est pas un faible, loin de là, mais un entêté qui croit aux vertus du compromis, aussi paradoxal que cela puisse paraître. Il gère comme un bon père de famille en départagea­nt les points de vue pour en arriver à une entente.

François Legault n’est pas un larmoyant. C’est un compatissa­nt. Il n’est pas cynique. Il préfère lire des romans que de descendre en canot des rivières aux eaux agitées.

Mais François Legault, à moins qu’il ne se revendique plus du nationalis­me québécois, ne peut donner à penser que les refus répétés d’Ottawa, perçus comme des attaques personnell­es au Québec distinct, sont une façon de négocier pour en arriver à une entente respectueu­se de la spécificit­é québécoise.

Le Québec sous la gouverne de la CAQ ne doit pas se laisser traiter comme un inférieur. Le premier ministre Legault, qu’il soit fatigué ou non, doit se ressaisir. Le Québec a des droits. Et sa langue et sa laïcité ne devraient plus être négociable­s.

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Le Québec, cible d’Ottawa

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