La recherche scientifique à la rescousse
Le Canada mettra sur pied d’ici 2024 le Centre d’excellence de l’OTAN pour le changement climatique et la sécurité, où militaires et civils travailleront main dans la main dans le but de comprendre les impacts du réchauffement planétaire sur la sécurité mondiale.
C’est le Canada qui a proposé à l’OTAN d’investir dans cette voie en 2021. Le centre sera situé à Montréal et rayonnera inévitablement jusqu’à Cambridge Bay où le gouvernement fédéral opère depuis 2019 la très moderne Station canadienne de recherche dans l’Extrême-Arctique (SCREA) qui a hébergé l’équipe du Journal en juillet 2022.
La Station travaille en collaboration avec les aînés inuits, les chasseurs, les pêcheurs et les Rangers qui ont une connaissance unique du territoire.
Le Chef Rangers de Cambridge Bay,
Jimmy Evalik, explique que le débit des rivières diminue d’une année à l’autre et que les lacs et les étangs s’assèchent. Autour de lui, on peut observer une version accélérée de ce qui risque de se produire plus au sud dans quelques années.
Tout ceci risque de mettre à l’épreuve la résilience des installations et des équipements militaires en Arctique, et partout ailleurs.
Les évènements météorologiques extrêmes créent davantage de demandes pour l’aide militaire et compliquent le travail des soldats.
Il est donc devenu « impératif de tenir compte des changements climatiques dans nos efforts de maintien de la paix et de la sécurité », estime Affaires mondiales Canada.
STRATÉGIQUE
Mais il y a pour le moment très peu de données scientifiques sur lesquelles s’appuyer. Pour remédier au problème, le SCREA accueille des chercheurs de partout dans le monde.
Nous y avons par exemple rencontré l’équipe du professeur Alexandre Langlois, du département de géomatique appliquée de l’Université de Sherbrooke, qui documente l’érosion le long du passage du Nord-Ouest.
Pour le professeur Rob Huebert, du Centre for Military and Strategic Studies à l’Université de Calgary, les recherches menées au SCREA sont hautement stratégiques.
« Démontrer une telle présence et développer une connaissance et une compréhension scientifiques du territoire est un pas très important pour notre souveraineté », dit-il.