Le Journal de Montreal

Les bagarres faisaient partie de ma jeunesse

- RODGER BRULOTTE rodger.brulotte@quebecorme­dia.com

Patrick Dom, le directeur général du Tournoi internatio­nal de hockey pee-wee de Québec, a reçu la médaille de l’Assemblée nationale du Québec en 2022.

Patrick se décrit comme un excellent cuisinier durant la saison estivale. Il a épousé Ginette Légaré, dont le père, Alex Légaré, a été le président du tournoi pendant de nombreuses années. Ils vécurent 14 ans ensemble avant de divorcer et ils eurent deux merveilleu­x enfants, Jennifer et Anthony, qui, contrairem­ent à leur père, sont des diplômés universita­ires. Même s’ils sont divorcés, Patrick et Ginette travaillen­t toujours ensemble au sein du tournoi au grand plaisir des enfants.

Patrick a vécu ces derniers jours un moment émouvant auquel il ne s’attendait pas. L’ancien directeur de son école secondaire, Gerry Pagé, a communiqué avec lui, car il désirait le voir au tournoi. L’ex-directeur voulait féliciter son ancien élève indiscipli­né pour l’homme qu’il est devenu aujourd’hui.

Tu es originaire de Québec.

J’habitais dans le quartier Limoilou tout près du Colisée de Québec, alors que mes meilleurs amis, Michel Plante, Anthony Murphy et moi demeurions à une minute de marche de chacun.

Vous avez développé une longue amitié.

Aujourd’hui, Michel Plante est le président du Tournoi pee-wee, Anthony Murphy occupe le poste de vice-président secrétaire-trésorier du Tournoi et moi, je suis le directeur général.

Tes parents ont émigré de la Belgique.

Comprends-moi bien, mon père était wallon, et ma mère, flamande. C’était continuell­ement des prises de bec idéologiqu­es qui rendaient l’ambiance familiale toxique.

Tu décris ton père comme une personne exécrable.

Il nous a maltraités, n’ayant jamais montré d’amour ou de compassion pour mon frère, Éric, et moi. Quand ma mère est décédée, j’ai ressenti beaucoup de chagrin. Cependant, lorsqu’on m’a joint au téléphone pour m’aviser que mon père était décédé, je leur ai répondu de me téléphoner plus tard, car je dormais.

Tu as écrit un livre noir.

J’ai rédigé dans mon livre noir comment il nous a maltraités afin que je ne fasse pas la même chose à mes enfants.

Malgré tout, tu es reconnaiss­ant envers ton père

Premièreme­nt, d’avoir choisi d’immigrer au Québec au lieu d’accepter une offre d’emploi au Congo, et de m’avoir enseigné l’art d’être rigoureux au travail.

Cependant, la Deuxième Guerre mondiale a marqué ton père.

L’armée allemande a envahi la Belgique et il a dû vivre sous les menaces de la Gestapo. En revanche, ce n’était pas à ma mère, à mon frère et à moi d’en subir les conséquenc­es.

Décris-moi ta mère.

Une personne formidable qui travaillai­t à l’entretien de l’immeuble du ministère du Revenu. Elle m’a enseigné l’importance de l’amour. À l’âge de 55 ans, elle a conduit pour la première fois une voiture à la grande frustratio­n de mon père, car elle est devenue une femme indépendan­te et non plus soumise à mon père.

SOUVENT, POUR SE RENDRE À L’ÉCOLE, ON DEVAIT SE BATTRE À COUPS DE POING OU AVEC DES BARRES ET DES CHAÎNES. – Patrick Dom

Est-ce que les vacances familiales étaient plaisantes ?

Aucunement. Nous allions au chalet et les seuls beaux moments, c’étaient les huit heures que mon père passait au travail.

Aimais-tu l’école ?

J’avais d’excellente­s notes, mais je détestais l’école. D’ailleurs, à la grande frustratio­n de mes amis, j’ai appris l’anglais en écoutant la télé. Cependant, je ne possède qu’un diplôme de secondaire 5, dont je suis fier, et après un court stage au cégep, j’ai arrêté mes études.

Tu as été l’instigateu­r des grèves scolaires.

Nous habitions tout près du Colisée de Québec. Durant le Tournoi pee-wee, mes amis et moi avions l’habitude d’aller dans les écoles environnan­tes et d’inciter les jeunes à quitter l’école en utilisant le prétexte de faire la grève pour contester le système scolaire.

Pourquoi aviez-vous utilisé ce prétexte ?

En réalité, on se regroupait pour aller au Tournoi pee-wee et une fois de retour à la maison, je disais à ma mère que c’était une bonne journée à l’école.

Les violentes bagarres faisaient partie de ta jeunesse.

Nous vivions dans un quartier défavorisé entouré de quartiers similaires. Souvent, pour se rendre à l’école, on devait se battre à coups de poing ou avec des barres et des chaînes.

Tu te décris comme un gars du Patro.

Le Patro Roc-Amadour m’a permis de pratiquer du sport sans oublier de me sortir des groupes de gangs de rue. Mon premier emploi était à titre de moniteur à l’âge de 14 ans au Patro. Parmi les jeunes dans mon groupe, il y avait le maire actuel de Québec, Bruno Marchand.

Le tournoi partageait ses profits avec le Patro.

L’aide financière du tournoi au Patro m’a poussé à devenir bénévole au tournoi. J’ai commencé à 19 ans en occupant le poste de transporte­ur d’équipement des joueurs dans les vestiaires.

Tu as joué au Tournoi pee-wee en 1979.

Nous étions tellement confiants de remporter le tournoi, cependant nous avons perdu au premier tour. Je comprends maintenant la pression que ressentent les jeunes devant les nombreux fans. Au moins, nous avions remporté le tournoi de consolatio­n à Bernières.

Est-ce que tu te souviens de quelques joueurs qui ont joué en 1979 ?

Sylvain Côté, Joé Juneau, Kevin Hatcher et Shayne Corson.

Il y avait une polémique avec un de tes coéquipier­s.

Le père du jeune en question ne faisait pas partie de la garde rapprochée des dirigeants de l’équipe qui ont choisi de pénaliser le jeune en l’ignorant dans la sélection. Le jeune en question, Anthony Murphy, occupe aujourd’hui le poste de vice-président secrétaire-trésorier du Tournoi.

Tu veux ajouter un commentair­e d’humour.

J’en ai voulu longtemps à mon frère après qu’il a quitté la maison familiale pour aller vivre à Montréal. J’étais seul à subir les moments insupporta­bles de mon père.

« Si tu veux, tu peux ».

C’est ma source de motivation qui m’a permis de réussir dans les différente­s facettes de ma vie.

 ?? ??
 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada