Moscou sans pitié pour les infrastructures énergétiques
Malgré la répétition des frappes, la majorité des Ukrainiens ont accès à l’électricité
KYÏV | (AFP) La Russie a mené hier une attaque « massive » avec des dizaines de missiles contre des sites énergétiques en Ukraine, selon Kyïv, qui affirme que deux projectiles ont traversé l’espace aérien de la Roumanie et donc de l’OTAN, ce que Bucarest dément.
« L’Ukraine a perdu temporairement 44 % de ses capacités de génération d’énergie nucléaire, 75 % des capacités de ses centrales thermiques et 33 % de celles de ses centrales de cogénération », a détaillé hier le premier ministre ukrainien Denys Chmygal.
« La grande majorité des Ukrainiens ont toujours accès au chauffage, à l’eau et l’électricité [...] il y a assez de ressources pour passer l’hiver », a-t-il ajouté.
L’Agence internationale de l’énergie atomique (IAEA) a précisé dans un communiqué qu’un réacteur de la centrale atomique de Khmelnytskyï (NPP), dans l’ouest du pays, était à l’arrêt à cause des instabilités sur le réseau électrique.
Du côté de Bucarest, le ministère roumain de la Défense a affirmé « qu’aucun missile » n’avait violé l’espace aérien de la Roumanie, contrairement à ce qu’avait assuré le chef de l’armée ukrainienne. Selon le gouvernement roumain, un missile est cependant passé à 35 kilomètres du territoire roumain, ce qui a justifié l’envoi de deux avions de chasse.
Le président ukrainien, Volodmyr Zelensky, a toutefois continué d’insister sur le fait que « plusieurs missiles ont traversé l’espace aérien de la Moldavie et de la Roumanie », évoquant un « défi à l’OTAN » de la part de la Russie.
La Moldavie, une ex-république soviétique située entre la Roumanie et l’Ukraine, a de son côté convoqué l’ambassadeur russe pour dénoncer une « violation inacceptable » de son espace aérien.
71 PROJECTILES
Cette nouvelle salve de missiles russes contre l’Ukraine intervient après une tournée européenne de M. Zelensky qui a exhorté ses alliés à fournir des missiles de longue portée et des avions de chasse, ce que ni les Européens ni les Américains n’ont à ce stade accepté, de crainte d’une escalade avec Moscou.
Kyïv dit depuis plusieurs jours s’attendre à une offensive importante de l’armée russe, qui a accru la pression le long de la ligne de front dans l’est, où ses forces grignotent du terrain.
Selon les autorités ukrainiennes, l’armée russe a tiré hier 71 projectiles, dont 61 ont été abattus.
Plusieurs explosions ont notamment été entendues à Kyïv, selon des journalistes de l’AFP. Après que les sirènes antiaériennes ont retenti dans la matinée, des habitants sont descendus dans le métro pour s’abriter.
BIDEN EN POLOGNE
À quelques jours du premier anniversaire de l’invasion russe, le 24 février, la Maison-Blanche a par ailleurs fait savoir que le président Joe Biden comptait se rendre en Pologne du 20 au 22 février.
Sa porte-parole a précisé qu’il y rencontrera le président polonais, Andrzej Duda, « pour parler de [leur] coopération bilatérale et de [leurs] efforts collectifs pour soutenir l’Ukraine et renforcer les capacités de dissuasion de l’OTAN ».
Selon le ministère de l’Énergie, des sites énergétiques ont été touchés dans six régions d’Ukraine, avec une situation particulièrement « difficile » dans celles de Zaporijjia (sud), Kharkiv (nord-est), en plus de Khmelnytskyï (ouest).