Le Journal de Montreal

« Parler de ton suicide aura servi à sauver des vies »

- Dave Morissette

Allo mon frère, Ça fait déjà 27 ans que tu nous as quittés. Il n’y a pas une seule journée qui passe sans que je pense à toi. Tu nous manques beaucoup. J’aime croire qu’avec le temps, j’ai fait la paix avec ton départ, mais la vérité, c’est qu’on n’oublie jamais.

Ce qui me fait le plus mal, c’est de m’imaginer la douleur et la détresse que tu vivais quand tu as décidé de passer à l’acte.

LA SEULE SOLUTION…

Dernièreme­nt, j’ai trouvé la dernière chanson que tu as écrite avant ton départ. J’ai compris, à travers tes paroles, que tu étais en maudit après la vie, que tu te sentais seul et incompris. Tu as sûrement pensé qu’on était mieux sans toi, que tu étais un fardeau, qu’il n’y avait aucune issue. Que de t’enlever la vie était la seule solution. Je veux que tu saches que je ne t’en veux pas, je suis ton grand frère et j’aurais dû être là pour toi.

Ma vie allait tellement vite, ma carrière au hockey était tellement importante que je n’ai pas vu que mon petit frère était seul à vivre avec ses problèmes. J’avais pourtant un doute que tu pensais peut-être au suicide, tous les signes y étaient. Ça devait être difficile d’entendre tout le monde te dire quoi faire : trouve-toi une job, fais-toi couper les cheveux, sois un adulte responsabl­e !!!

Tout ce que tu voulais, c’est qu’on t’écoute sans te juger, qu’on te rassure, qu’on soit là pour toi.

UNE SIMPLE QUESTION

Je n’ai jamais eu le courage de te demander si tu pensais au suicide, je ne savais pas comment. Pourtant, c’est tellement simple, une simple question… et peut-être que tu serais toujours là aujourd’hui. Je suis convaincu qu’ensemble on aurait passé à travers cette période difficile. Je suis certain qu’on aurait trouvé une solution.

La vérité, c’est que durant les 27 dernières années, tu aurais dû être avec nous. Ce n’est jamais facile de parler de toi, de l’histoire de notre famille, de la peine, de l’incompréhe­nsion, des regrets et surtout de la douleur toujours présente. Ma seule consolatio­n est que j’ai l’impression que de parler de ton suicide aura servi à sauver des vies.

J’ai tellement hâte de te serrer dans mes bras et de te dire que je t’aime Jason.

Ton grand frère

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