Le Journal de Montreal

Transport collectif : dépense ou investisse­ment ?

- LAURE WARIDEL Blogueuse e au Journal Écosociolo­gue et cofondatri­ce d’Équiterre laure.waridel@quebecorme­dia.com

« Une ville peut se dire avancée non pas quand les pauvres se déplacent en voiture, mais quand les riches utilisent les transports publics », disait l’ancien maire de Bogota, Enrique Penalosa.

C’est le cas Copenhague, Bordeaux, New York, Londres et des centaines d’autres villes que les gens ont envie d’habiter et de visiter.

Trains, métros, trams, bus et taxis sont privilégié­s, non pas pour des raisons écologique­s, mais parce que ce sont les meilleurs moyens de se rendre du point A au point B. Sans véhicule à stationner !

CHOIX DE SOCIÉTÉ

Pour que la population délaisse l’auto solo, il faut que les transports collectifs soient plus efficaces, plus fiables, plus économique­s, plus pratiques et plus agréables que l’auto.

Il faut donc investir MASSIVEMEN­T dans ce choix de société. Ce n’est pas une dépense ordinaire.

Nous sommes beaucoup plus riches aujourd’hui qu’en 1965, lorsque nous avons construit le métro qui a grandement contribué au développem­ent de notre métropole.

Sommes-nous moins capables de rêver et de réaliser de grands projets que nos grands-parents l’étaient il y a 60 ans ?

ANALYSE COÛT-BÉNÉFICE

Posséder une auto (souvent plusieurs par logis) coûte cher. C’est le deuxième poste de dépenses courantes des ménages. Avant la nourriture et après le logement. Une voiture demeure pourtant stationnée plus de 95 % du temps et déplace seulement 1,2 personne en moyenne.

Quelle inefficaci­té économique et énergétiqu­e !

Sans parler de tout l’espace monopolisé par du stationnem­ent qui pourrait être transformé en espace vert, parc pour enfants, piste cyclable, terrasse, logement ou autre, et améliorer notre qualité de vie.

L’absence de transports publics suffisants et de qualité oblige beaucoup de gens à s’endetter pour des véhicules qui ne sont utilisés qu’occasionne­llement.

Investir dans le transport collectif, c’est donner accès au travail, à la culture et au territoire à tous les « sans voiture ». Que ce soit à cause de l’âge, l’état de santé, le revenu ou par souci écologique, des millions de personnes au Québec sont dans cette situation.

OBJECTIVEM­ENT

Rappelons qu’environ la moitié de la population du Québec habite dans l’une des 82 municipali­tés de la Communauté métropolit­aine de Montréal. La densité moyenne y est de plus de 1000 habitants par kilomètre carré, comme dans la banlieue rapprochée de Québec. C’est au moins deux fois plus que des pays européens entiers où les gens se déplacent principale­ment en transport collectif.

Ce serait un choix logique que d’investir massivemen­t où habitent le plus de gens ainsi que dans le transport interrégio­nal. Imaginez Montréal-Québec en 50 minutes grâce à un TGV !

SE LIBÉRER

Même si on les trouve fort pratiques lorsqu’on est assis dedans, objectivem­ent, les voitures sont de véritables poisons pour nos villes.

Elles créent de la congestion, de la pollution, du bruit, des collisions et occupent beaucoup trop de place.

Même les gens dépendant de l’auto bénéficier­aient d’investisse­ments massifs dans le transport collectif. C’est le meilleur moyen de réduire la congestion qui coûte plus de 4 milliards $ par an, seulement dans le grand Montréal.

Le transport collectif a aussi l’avantage de nous faire bouger. C’est bon pour la santé !

Tout cela est ultradocum­enté. Alors qu’est-ce qu’on attend ?

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Investir dans le transport collectif c’est donner accès au travail, à la culture et au territoire à tous les « sans voiture ».

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