Le Journal de Montreal

Le projet de produire les premières huîtres 100 % québécoise­s avance à grands pas

- HÉLÈNE FAUTEUX Agence QMI

Les prochaines semaines seront déterminan­tes pour la ferme aquacole Les Huîtres Old Harry, aux Îles-de-laMadelein­e, qui compte bien arriver à produire des huîtres 100 % québécoise­s d’ici quelques années.

En ce moment, l’entreprise produit des huîtres d’élevage dans la baie d’Old Harry dans l’archipel madelinot à partir de naissains, soit des mollusques juvéniles d’une taille de 6 mm, achetés à des fournisseu­rs des provinces maritimes, étant donné la faible abondance de cette ressource dans l’écosystème local.

EXPÉRIMENT­ATION NOVATRICE

Pour changer les choses, l’entreprise mène depuis le mois de décembre une expérience unique visant à provoquer la reproducti­on d’huîtres en milieu semi-contrôlé, ici, au Québec.

« Ça va nous permettre d’avoir un approvisio­nnement stable et sûr à chaque année, parce ce n’est pas garanti qu’on va pouvoir continuer de s’approvisio­nner des autres provinces ad vitam aeternam, et on n’a pas de plan B, explique Alexandre Brazeau, le propriétai­re des Huîtres Old Harry. Pour vous donner un exemple, pendant la COVID, les autres provinces se sont toutes fermées. Tous les ponts étaient coupés et c’était compliqué. »

RÉDUIRE LES COÛTS DE PRODUCTION

M. Brazeau vise aussi à amoindrir ses coûts de production, en produisant ses propres naissains. Il précise que les quelque deux millions de mollusques qu’il importe chaque année lui coûtent 0,04 $ l’unité.

Dans le cadre de l’expérience en cours, une vingtaine de gros géniteurs ont été prélevés de son parc aquacole à une températur­e ambiante de 10 degrés Celsius, puis déposés en bassin. Leur conditionn­ement, pour les préparer à se reproduire, consiste à accroître graduellem­ent la températur­e de l’eau jusqu’à 22 degrés et à les nourrir d’une pâte de microalgue­s. Lorsque les gonades (organes reproducte­urs) des mollusques auront atteint leur seuil de maturation, vers la mi-février, la ponte des huîtres sera provoquée par un choc thermique.

Comme chaque mollusque produit jusqu’à 15 millions de larves, l’idée de cette première québécoise est d’en concentrer le captage dans un espace clos, plutôt que de les laisser se disséminer dans la nature.

C’est à la mi-mars qu’on saura si toute cette opération est un succès, lorsque la très forte densité de larves se sera métamorpho­sée en naissains. Les petites huîtres, qui seront alors bien visibles à l’oeil nu, seront prêtes à être transférée­s en panier d’élevage, pour les faire grandir en milieu naturel jusqu’à une taille commercial­e d’environ 76 mm, c’est-à-dire pour une période de quatre à cinq ans.

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