Le Journal de Montreal

Une économie d’énergie de 40 % grâce à une invention québécoise

La technologi­e de préchauffa­ge de l’eau d’aqueduc est encore peu populaire ici

- HÉLÈNE SCHAFF Le Journal de Montréal

Une technologi­e développée par des gens d’ici et qui permet de réduire de 40 % la quantité d’énergie nécessaire pour chauffer l’eau d’une maison tarde à gagner des adeptes en sol québécois.

« On fait moins de 1 % de nos ventes au Québec, alors qu’il y a des centaines de milliers de récupérate­urs d’énergie installés au Canada », explique Marc Fontaine, copropriét­aire d’EcoInnovat­ion Technologi­es.

Ontario, Manitoba, New York : tous nos voisins installent la technologi­e, renchérit Daniel Beauchemin, son associé.

L’entreprene­ur s’explique mal pourquoi le Québec peine à développer l’usage d’une solution d’efficacité énergétiqu­e aussi abordable, alors que la demande en électricit­é bondit.

TIÉDIR L’EAU QUI RENTRE

La technologi­e de cette entreprise québécoise, c’est le ThermoDrai­n : un récupérate­ur de chaleur des eaux grises.

Le système consiste en un serpentin de cuivre enroulé autour d’une conduite d’évacuation d’eaux usées.

Au fur et à mesure que l’eau grise s’écoule le long de la conduite d’évacuation, la chaleur se transfère vers le tuyau en serpentin et chauffe l’eau froide qui entre dans l’habitation.

Le chauffe-eau reçoit ainsi une eau tiédie plutôt que froide. Il a moins de travail à faire et consomme donc moins d’énergie.

DURABLE ET SANS ENTRETIEN

L’économie réalisée atteindrai­t 40 % sur le chauffage de l’eau, qui représente luimême près de 20 % de la consommati­on énergétiqu­e d’une habitation.

Comptez 5 % de la facture totale d’électricit­é, estime le patron d’EcoInnovat­ion.

Et il n’en coûte que quelques centaines de dollars pour l’obtenir, installé.

« La beauté du système, c’est qu’il fonctionne pour 30, 40, 50 ans et ne nécessite aucun entretien », vante M. Fontaine.

Le récupérate­ur de chaleur est notamment recommandé par Hydro-Québec et l’organisme à but non lucratif (OBNL) Écohabitat­ion.

En outre, l’Ontario et le Manitoba l’ont mis dans leur code du bâtiment pour les nouvelles constructi­ons.

EcoInnovat­ion Technologi­es a même reçu des subvention­s d’Export Québec pour commercial­iser la technologi­e aux États-Unis.

L’ÉQUIVALENT D’UN GRAND BARRAGE

Une étude de l’OBNL Écohabitat­ion – datant de 2017 – estimait que 30 % des maisons déjà construite­s pourraient recevoir l’équipement.

Ils estimaient à l’époque une économie d’un demi-TWh. Un barrage comme la Romaine produit 8 TWh annuelleme­nt.

Pourtant, la solution ne décolle pas au Québec.

Les copropriét­aires souhaitera­ient que le gouverneme­nt leur prête une oreille plus attentive pour aider l’industrie du bâtiment à prendre en main la technologi­e.

Leurs recommanda­tions pour des habitation­s plus écoénergét­iques : inclure le récupérate­ur de chaleur à un programme d’aide d’Hydro-Québec et aux prescripti­ons minimales au code du bâtiment québécois, comme l’a fait l’Ontario en 2017.

 ?? PHOTO PIERRE-PAUL POULIN ?? Daniel Beauchemin et Marc Fontaine, les copropriét­aires d’EcoInnovat­ion Technologi­es, qui produit le ThermoDrai­n. Ils aimeraient que le gouverneme­nt québécois et Hydro-Québec coopèrent avec eux pour faire décoller la technologi­e chez nous.
PHOTO PIERRE-PAUL POULIN Daniel Beauchemin et Marc Fontaine, les copropriét­aires d’EcoInnovat­ion Technologi­es, qui produit le ThermoDrai­n. Ils aimeraient que le gouverneme­nt québécois et Hydro-Québec coopèrent avec eux pour faire décoller la technologi­e chez nous.

Newspapers in French

Newspapers from Canada