Le Journal de Montreal

Pollution et dépression seraient liées

Le fait de respirer un air pollué accroîtrai­t les risques à long terme de dépression, selon deux nouvelles études

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WASHINGTON | (AFP) Respirer un air pollué sur le long terme entraîne un plus grand risque de dépression, selon deux vastes nouvelles études, qui s’ajoutent aux preuves croissante­s d’un effet néfaste de la pollution sur la santé mentale.

La première étude, publiée la semaine dernière dans la revue JAMA psychiatry ,a étudié une population d’environ 390 000 personnes au Royaume-Uni sur environ onze années. Les niveaux de pollution auxquelles elles étaient exposées ont été estimés en fonction de l’adresse de leur domicile.

Les chercheurs ont étudié les taux de particules fines (PM2.5 et PM10), de dioxyde d’azote (NO2) et de monoxyde d’azote (NO) – une pollution notamment causée par des centrales à combustibl­es fossiles et la circulatio­n routière.

« L’exposition de long terme à de multiples polluants était associée à un risque accru de dépression et d’anxiété », ont conclu les chercheurs.

Le risque observé était non linéaire, c’est-à-dire qu’il était fortement accru au-delà d’un niveau de concentrat­ion relativeme­nt bas, puis tendait à stagner par la suite.

« En sachant que les normes de qualité de l’air de nombreux pays dépassent encore largement les dernières recommanda­tions de l’Organisati­on mondiale de la Santé (OMS) de 2021, des normes ou réglementa­tions de pollution plus strictes devraient être mises en place », ont écrit les auteurs de cette étude.

PERSONNES DE PLUS DE 64 ANS

Une seconde, publiée hier dans la revue JAMA Network Open, s’est, elle, concentrée sur l’effet des particules fines (PM2.5), du dioxyde d’azote (NO2) et de l’ozone (O3) sur les personnes de plus de 64 ans.

Le but était d’étudier les conséquenc­es de la pollution atmosphéri­que sur le déclenchem­ent d’une dépression tard dans la vie.

Ces travaux ont utilisé une base de données de Medicare, l’assurance santé publique réservée aux personnes âgées aux États-Unis, et étudié une population de quelque 8,9 millions de personnes, dont environ 1,5 million de cas de dépression.

Les résultats montrent là encore une forte associatio­n entre pollution et dépression, particuliè­rement en observant les taux de particules fines et de dioxyde d’azote pour les population­s défavorisé­es.

INFLAMMATI­ONS DANS LE CERVEAU

Cette associatio­n pourrait s’expliquer par le lien observé entre de fortes concentrat­ions de polluants et des inflammati­ons dans le cerveau, selon les deux études.

« Il existe un lien émergent fort entre inflammati­on et dépression », a commenté Oliver Robinson, professeur de neuroscien­ce et santé mentale au University College London, n’ayant pas participé à ces recherches.

Ces travaux viennent « s’ajouter aux éléments de plus en plus nombreux montrant que nous devrions nous inquiéter des effets de la pollution sur la santé mentale, en plus des liens plus évidents » avec les maladies respiratoi­res, a-t-il ajouté.

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PHOTO AFP Une centrale thermique, à Wuhan, en Chine. Ce type d’installati­on est responsabl­e d’une grande partie des émissions de monoxyde d’azote sur la planète.

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